Hubert Germain

A seulement vingt ans, Hubert Germain n’avait qu’une idée en tête : combattre. Il s’engage pour la France Libre pendant la Seconde Guerre mondiale et fait preuve d’une détermination et d’un engagement sans faille contre les Allemands, en Syrie, en Lybie à Bir Hakeim puis en Italie.  « J’avais la rage au ventre » clame-t-il à cent ans passés.

Le 24 juin 1940, à vingt ans, se mêlant aux soldats polonais évacués, Hubert Germain embarque à Saint-Jean-de-Luz à bord du paquebot Arandora Star à destination de Liverpool. « En voyant s’éloigner les côtes françaises, j’avais le cœur serré. Je me suis demandé si je les reverrais un jour » se remémore-t-il. Le départ pour l’Angleterre n’est pas une fuite.

Quelques jours plus tôt, il a rendu copie blanche au concours d’entrée à l’École navale qu’il préparait au lycée Montaigne de Bordeaux, conscient qu’un succès l’aurait destiné à « être aux ordres de l’armée allemande ». Le jeune homme n’a qu’une idée en tête : combattre. « Je me nourrissais d’idées simples », raconte-t-il, « nous avions des devoirs et pas seulement des droits ».

Parmi les premiers, il signe un engagement dans la France Libre à l’Olympia Hall de Londres, au milieu de deux mille volontaires.

Après une formation à la caserne d’Aldershot, il est affecté sur le cuirassé Courbet où il suit les cours d’élève officier de marine tout en participant à la défense antiaérienne du navire contre les raids allemands.

Désireux d’en faire plus, il convainc le général Legentilhomme – son parrain croisé au siège de la France Libre à Londres – de l’emmener avec lui en Syrie où ce dernier doit prendre la tête de la 1re division française libre.

À défaut de retrouvailles avec la France, ce sont des Français qu’Hubert Germain retrouve dans le camp d’en face. Sa détermination n’en est pas ébranlée. « L’armée de la défaite couvrait les Allemands qui s’installaient en Syrie », rappelle-t-il.

« Ce n’était pas agréable de tirer sur des Français mais ils étaient de l’autre côté. Il ne faut pas chipoter avec les sentiments, quand la maison brûle, il faut faire quelque chose. »

Sorti officier de l’école de Damas, il rejoint les rangs de la 13e demi-brigade de Légion étrangère en 1942 et participe à la campagne de Lybie.

À Bir-Hakeim – place forte d’environ seize kilomètres carrés faite de barbelés, de tranchées, d’abris et de véhicules enterrés au milieu du désert – Hubert Germain et les quelques trois mille six cents défenseurs de la position repoussent sans faillir les assauts et bombardements italiens et allemands qui se succèdent de la fin mai au 11 juin. S’il n’en retire aucune gloire, « c’est la nature même du combat » précise-t-il, il se souvient avoir ressenti quelque chose de nouveau :

« Après Bir-Hakeim, nous étions gonflés comme des outres. Après cela, nous avons mené la guerre en étant comme libérés. »

Épargné jusque-là par les blessures, il est touché le 24 mai 1944 en Italie, à Pontecorvo sur les pentes du Monte Cassino. « Comme disaient les Italiens, les coquelicots étaient plus rouges que d’habitude », raconte-t-il pour évoquer la violence de l’affrontement.

Évacué vers Naples afin d’y être soigné, il y reçoit la croix de la Libération des mains du général de Gaulle. Il retrouve sa division dès le mois de juin et, dans la nuit du 15 août, ressent « une émotion considérable » en étant « un des premiers à poser le pied sur le sol français ».

« J’avais la rage au ventre. » À cent ans passés, celle-ci ne semble l’avoir jamais quitté.

Texte rédigé par Anthony Petiteau

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