La résidence photographique d'Anne-Lise Broyer
Les attaches : le projet artistique d’Anne-Lise Broyer en 2023
Accueillie de mai à octobre 2023 au sein du musée de l’Armée, Anne-Lise Broyer, première lauréate de la résidence photographique, s’est immergée dans la richesse des collections tout en dialoguant avec les équipes de la conservation et celles de l’Institution nationale des Invalides. Des incursions géographiques l’ont également menée de la clairière du Mont-Valérien aux paysages meurtris de Verdun. Ce temps de création et de réflexion in situ et hors-les-murs lui ont permis de développer Les attaches, projet mettant en jeu la question des liens entre les êtres, bouleversés, parfois désaccordés par la vie militaire.
Dans ce travail, la période de l’approche a été fondamentale, liée à celle de l’enquête, des lectures et de l’observation pour assimiler et connaître les différents espaces, révéler le visible de l’invisible pour le public (musée, réserves, lieu de vie militaire et hôpital). Pour l’artiste, les images se forment d’abord derrière l’œil avant de déclencher la prise de vue. L’ambition d’embrasser un champ chronologique très large, celle de tenir compte de la diversité des sources pour créer ce maillage du temps, entre instants fugaces des cérémonies et temps suspendu au musée, la sobriété du matériel utilisé, l’économie de l’argentique et d’une optique unique (celle du 50 mm), transformaient le projet en véritable défi. Grâce à son acuité pour la narration, Anne-Lise Broyer a réussi à ramener toute la gamme des sujets à une seule écriture (la sienne) tout en rendant visible, en filigrane, son propre engagement qu’implique tout acte créatif.
Cet engagement, selon elle, devait être à la hauteur de celui, fascinant et bouleversant, du corps militaire, celui dont il fallait précisément s’emparer et traduire l’intensité, au travers des lettres de soldats, d’objets du quotidien marqués par la guerre ou des lieux de soins - âmes, corps et artefacts.
« Envisager l’armée, notamment dans son dialogue avec le front arrière, permet de poser un regard fragile et humain sur un métier réputé austère et de mettre en lumière ces attaches reliant entre eux quelques moments de vies à l’avant et à l’arrière. »
Anne-Lise Broyer
À travers cette approche sensible de l’engagement militaire, l’artiste a souhaité opérer un rééquilibrage de la figure féminine tout au long de l’histoire militaire, car s’engager dans l’armée n’engage pas qu’un seul individu, mais souvent une famille entière.
Anne-Lise Broyer, entre photographie et littérature
Née en 1975, Anne-Lise Broyer est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Sa pratique photographique se nourrit d’une relation avec d’autres arts, notamment la littérature et le dessin.
En 2022-2023, Anne-Lise Broyer exposait ses oeuvres en lien avec ses projets littéraires à l’Hôtel Fontfreyde (Clermont-Ferrand), « Journal de l’oeil (les globes oculaires) et autres récits », en référence au poète Georges Bataille. En 2021, elle bénéficiait du soutien du CNAP pour son projet Est-ce là que l’on habitait ? En 2002, Anne-Lise Broyer a reçu le prix des Rencontres internationales de la photographie d’Arles pour son projet Une histoire sans nom.
Le travail photographique d’Anne-Lise Broyer se distingue par son activité littéraire en lien avec des écrivains et critiques d’art tels que son Journal de l’oeil (2019) avec Yannick Haenel et Léa Bismuth ou Le temps est caché dans les plis d’une fleur (2021) avec Colette Fellous et Jean-Luc Germain. S’y mêlent ses photographies et des textes de réflexion.
Les oeuvres d’Anne-Lise Broyer sont conservées dans plusieurs institutions, musées ou centres d’art tels qu’à la BnF, au musée de La-Roche-sur-Yon ou dans les artothèques de Grenoble et d’Angers.
- Voir le site internet d'Anne-Lise Broyer
Contact :
residence@ musee-armee.fr