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L’esquisse d’un chef d’œuvre pour le Dôme des Invalides
La coupole de l’église Saint-Louis des Invalides se compose en fait de deux coupoles superposées.
Le nouveau parcours de visite « Les Invalides : entre histoire et mémoires », permet au public de découvrir le modello, c’est-à-dire l’étude préparatoire de L’Apothéose de Saint Louis. Cette œuvre est peinte en 1702 par Charles de La Fosse en vue de la réalisation du décor de la calotte sommitale du Dôme.
Article extrait de L'Echo du Dôme, le magazine d'actualité du musée de l'Armée.
Destinée au commanditaire du décor, ce modello fut présenté à Jules Hardouin-Mansart, architecte de l’église Saint-Louis des Invalides, mais aussi très probablement au Roi lui-même. Présenté depuis le XIXe siècle au plafond de l’ancienne salle du conseil de l’Hôtel des Invalides, ce chef- d’œuvre n’avait jusqu’alors pu être admiré qu’à l’occasion d’expositions temporaires.
Accroché dans le nouveau parcours du Musée, salle Vauban, à proximité de deux autres témoins majeurs de l’histoire des Invalides - plan-relief de l’Hôtel royal dressé vers 1690 et carton peint par Pierre Dulin en 1710 en vue du tissage d’une tapisserie commémorative, le modello reconstitue la triade formée par la fondation, la construction et la décoration d’un grand monument régalien mis en perspective à travers ses supports mémoriels originels.
Un multimédia spécialement conçu par le Musée, offre des explications sur la genèse du modello, son histoire matérielle, sa fonction, les différences qui le distinguent du décor réalisé et permet d’en décrypter l’iconographie foisonnante. Cette dernière favorise les parallèles entre le règne de Louis XIV, fondateur des Invalides, et celui de Saint Louis, son glorieux ancêtre, entrelace le spirituel et le temporel et met en correspondance peinture et sculpture.
Charles de La Fosse obtient la commande de la calotte supérieure et des pendentifs, pièces maîtresses du Dôme de l’église Saint-Louis des Invalides tandis que Jean Jouvenet peint les Douze Apôtres de la coupole inférieure, qui dissimule une rangée de fenêtres et illumine le ciel de la coupole sommitale représentant L’Apothéose de Saint Louis.
Quelques différences fondamentales et de subtiles variantes séparent ce modello du décor invitant à une comparaison propice à l’exercice d’un regard attentif.
Des différences de techniques, d’échelle et de points de vue peuvent tout d’abord être discernées. Le modello est peint à l’huile sur quatre lés toile de chanvre. Autographe, il porte la trace de repentirs du peintre. Le décor est quant à lui peint à fresque, - réalisé sur un enduit frais à l’aide de pigments pris dans l’enduit, dont Charles de La Fosse est alors l’un des rares peintres français à maîtriser la technique exigeante.
Le diamètre du modello n’excède pas deux mètres là où celui de la coupole atteint vingt-cinq mètres environ. Peint sur une toile plane, il doit convier l’idée la plus flatteuse d’un décor qui sera vu à près de soixante mètres de haut et se déploiera sur une surface courbe, véritable tour de force qui suppose une maîtrise accomplie de la perspective.
Des variantes formelles – orientation des regards, attitudes, drapé – ainsi que des évolutions iconographiques se révèlent dans un second temps : ajout d’anges violonistes ; apparition d’une lance dans la main de l’un des anges soutenant la colonne ; disparition du sceptre tenu par le Christ sur le modello.
Par l’adoption d’une composition annulaire et tourbillonnante, aérée en son centre, La Fosse renforce encore l’illusion d’une percée fictive et d’un sanctuaire ouvert sur les cieux en parfaite symbiose avec l’architecture de Jules Hardouin-Mansart.
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