Les ateliers de restauration
Le musée de l’Armée dispose en son sein de trois ateliers de restauration et de conservation préventive d’excellence – atelier textile, atelier métal, atelier cuir –, qui ont vocation à entretenir, préserver et sauvegarder les collections en toutes circonstances (exposition permanente ou temporaire dans les salles du Musée, conservation dans les réserves, prêts à des institutions extérieures).
L'atelier textile
Créé en 1977 à l’initiative du général Davout d’Auerstedt, alors directeur du Musée, l’atelier de restauration des textiles avait pour mission exclusive le traitement des emblèmes du Musée. Depuis 1985, sa mission s’est étendue à l’ensemble des collections textiles : drapeaux, uniformes, coiffures, sabretaches, etc. Son activité s’organise en fonction des expositions temporaires, des prêts et dépôts, de l’aménagement des salles d’expositions permanentes et du réaménagement des réserves.
La conservation préventive
Elle permet de prévenir les risques d’altération d’un objet ou d’en retarder la détérioration en agissant sur son environnement : constat d’état de l’objet, série de prises de vues, traitements par micro aspiration ou conditionnement spécifique.
La restauration
La restauration des textiles est une intervention technique dans un but de conservation : visible et réversible. Elle consiste à intervenir sur l’objet pour stopper la dégradation tout en respectant son intégrité esthétique et historique. Les pièces sont nettoyées, puis consolidées à l’aiguille et au fil d’organsin. Les textiles comme les uniformes sont mannequinés sur des bustes de couturière rembourrés et recouverts de tissu neutre. Certains plis ou déchirures doivent être conservées afin de garder l’histoire de l’objet.
L'atelier métal
La spécificité du musée de l’Armée et de ses collections donne un rôle important à l’atelier métal, chargé de l’entretien et de la restauration de pièces de collection aussi nombreuses que variées.
Les armuriers de l’atelier assurent ainsi aussi bien la conservation des délicates pièces d’orfèvrerie appartenant aux « nécessaires » des officiers du XIXe siècle, que des armes à feu les plus contemporaines, en passant par les armures, les armes blanches européennes ou orientales, les modèles d’artillerie… La plupart de ces œuvres ne nécessitent souvent qu’un simple nettoyage destiné à ôter les anciennes graisses mêlées de poussière ou d’éliminer des débuts de corrosion, mais la diversité des objets peu entraîner des opérations délicates comme le démontage des mécanismes des armes à feu ou la prise en compte des ornementations, souvent fragiles (dorures, damasquinures *, bleui **) qui enrichissent certaines pièces.
Pour nettoyer les éléments en fer ou acier, les restaurateurs de l’atelier métal utilisent des grattoirs de laiton, plus « tendre », réalisés par leurs soins. Les produits abrasifs (qui peuvent laisser des dépôts corrosifs) sont exclus et la plupart des interventions sont manuelles. Une des opérations les plus délicates consiste à changer les cuirs qui relient les différents éléments d’une armure. Ces cuirs sont en effet très sollicités par le poids des pièces qu’ils soutiennent et fragilisés lors des montages et démontages des harnois. Leur remplacement par des cuirs neufs, parfois recouverts de velours fournis par l’atelier cuir du musée, nécessite d'ôter les rivets qui les fixent à l’intérieur de l’armure. Quand ces rivets sont anciens, ou quand ils comportent un décor particulier, les têtes en sont soigneusement conservées et sont soudées à une petite tige qui permettra de les poser.
Un autre volet important de l’activité de l’atelier métal est la réalisation de socles et de supports pour les salles d’exposition permanentes et temporaires du musée de l’Armée. Les armuriers ont ainsi conçu les mannequins, entièrement réglables, des armures que vous pouvez découvrir dans les salles du département Armes et armures anciennes et ont défini les différents prototypes des supports des 2 500 objets que vous pouvez admirer au sein du département De Louis XIV à Napoléon III.
* Incrustation de métal précieux dans le métal d'une arme ou d'une armure
** Technique qui consiste à bleuir une armure
L'atelier cuir
L’atelier cuir du musée de l’Armée intervient sur tous les objets à composante cuir – et ils sont nombreux – appartenant aux collections du musée : bottes et chaussures, équipements individuels des combattants (cartouchières, buffleteries, fourreaux d’armes blanches), harnachements de chevaux, mais également des éléments moins visibles comme les coiffes des casques ou des shakos, les bretelles des cuirasses ou les bandes de cuirs qui relient, à l’intérieur de celle-ci, les différentes pièces d’une armure.
Les restaurateurs travaillent étroitement avec les autres ateliers du fait du caractère composite de nombreux objets, qui passent souvent successivement dans les trois ateliers du musée. C’est avant sa présentation dans les salles ou son prêt pour une exposition temporaire, qu’est évalué l’état de conservation d’un objet : selon le résultat, un simple entretien peut être décidé ou une restauration plus lourde.
Une micro-aspiration permet de débarrasser l’objet de ses poussières et le cuir est nourri et traité par l’application d’une cire fongicide et insecticide mise au point par la Bibliothèque nationale de France pour les reliures. Les opérations sont plus complexes quand le cuir est déchiré : dans ce cas, un renfort peut être réalisé sous la pièce à restaurer fixé par couture en utilisant les anciens trous d’alêne (poinçon servant à percer le cuir pour une couture), par collage à la cire ou à la colle réversible.
Il arrive que l’élément à traiter serve de structure à des parties soumises à des tensions et que son état de conservation ne lui permette plus d’assurer ce rôle de liaison et de support. C’est le cas par exemple de certaines composantes des harnachements (étrivières devant supporter le poids des étriers) ou des bandes de cuir assurant la liaison et permettant l’articulation entre les pièces d’une armure. Quand les éléments d’origine sont trop fragiles pour pouvoir être conservés et menacent la stabilité de l’ensemble, l’atelier est en mesure de les remplacer par des pièces neuves. L’équipe de l’atelier cuir maîtrise les techniques et les outils de la maroquinerie et de la sellerie traditionnelles, afin de procéder à ces reconstitutions.