La Haine des clans. Guerres de Religion, 1559-1610

Le musée de l’Armée consacre une exposition sur l’histoire fascinante et excessive des guerres de Religion.

Date de l'évenement :

Du mercredi 5 avril 2023
au dimanche 30 juillet 2023

Lieu de l'évenement :

Salles d'exposition temporaire

À propos de l'exposition

La seconde moitié du XVIe siècle constitue la « part sombre » de la Renaissance, marquée en France par les querelles religieuses, les troubles civils et une profonde remise en cause du pouvoir royal : un âge de désordre et de déraison, qui, en quarante ans et huit guerres de Religion, va embraser le royaume en une succession d’affrontements, de répressions, de scandales et de massacres, bouleversant l’équilibre du pays de façon inédite.

C’est aussi un moment-clef de l’histoire nationale, peut-être la plus grave crise subie par l’Ancien Régime avant 1789 : elle a marqué de manière indélébile notre mémoire et l’imaginaire collectif, notamment par une frénésie nouvelle de violences, qui trouvent leur paroxysme dans l’épisode sanglant de la Saint-Barthélemy.

Le musée de l’Armée consacre une exposition à l’histoire fascinante et excessive de ces guerres de Religion. Quels en sont les ressorts ? Les enjeux ? Les temps forts ? Les protagonistes ?

Le parcours retrace ainsi les troubles effrénés qui ont divisé le royaume entre la mort accidentelle d’Henri II, en 1559, et l’assassinat d’Henri IV, en 1610, signant la fin du règne d’un souverain pacificateur et promulgateur de l’Édit de Nantes, mais également victime, comme son prédécesseur, d’un régicide.

L’un après l’autre sont convoqués tous les grands acteurs de l’époque, dont les armures sont conservées dans les collections du musée de l’Armée. De la Ligue, « ultra »-catholique, menée par les Guise au clan protestant conduit par les Condé, en passant par le parti plus modéré des Montmorency, les rivalités aristocratiques et politiques se mêlent aux conflits religieux.

Pièces d’équipements guerriers, portraits, documents d’archives et ouvrages anciens font revivre les destins et les cheminements individuels des grands courtisans, chefs de guerre et chefs de parti, qui ont tour à tour soutenu ou combattu le pouvoir monarchique. L’exposition évoque aussi l’écho international rencontré par ces guerres de Religion, de la Pologne aux Pays-Bas et jusqu’aux éphémères colonies du Nouveau Monde.

Par bien des aspects, ce moment exacerbé de notre Histoire entre singulièrement en résonance avec notre réalité contemporaine, non seulement dans ses mécanismes sous-jacents mais aussi dans ses représentations, notamment à travers l’intense production d’images, de pamphlets, de placards qui en fait le premier conflit médiatique de l’Histoire.

L’exposition offre ainsi l’occasion de s’interroger sur la place de l’image et de la rhétorique dans les conflits, sur la marche de notre société en temps de guerre civile, sur les enjeux et les limites de l’action politique, ainsi que sur la longue maturation de l’État. Car c’est aussi au cours de cette période complexe que se sont inventés, douloureusement, la tolérance, le vivre-ensemble et nos formes modernes de gouvernement.

 

     

1. La Foi déchirée

Dès 1521, la publication des 95 thèses de Martin Luther trouve des échos en France, où des opuscules du moine allemand sont imprimés et diffusés.

À la cour, Marguerite de Navarre, sœur de François Ier et protectrice des « évangéliques » favorables à la réforme de l’Église romaine, s’oppose au conservatisme des conseillers du roi.

Le souverain oscille quant à lui entre tolérance et sévérité, lors des attentats commis contre des statues de saints ou au moment de l’affaire des placards, en 1534, qui voit des affiches contre la messe fleurir jusque dans les résidences royales.

2. La France en ses frontières

Sous François Ier et Henri II, on assiste à un renforcement de l’autorité et à une centralisation de l’administration royale. Le royaume de France est alors le plus peuplé d’Europe, avec de nombreux atouts : des terres agricoles riches, une production manufacturière importante et un sentiment national naissant.

Cependant, la fin des guerres d’Italie en 1559 marque un tournant. La banqueroute de l’État, la mort accidentelle d’Henri II sans héritier en âge de régner et les premières querelles religieuses affaiblissent le pouvoir royal.

La société, confrontée à de nombreuses incertitudes, hausses de prix, disettes, retour des épidémies de peste, se tourne vers Dieu, mais parallèlement perd confiance dans ses médiateurs (Église romaine, clergé), ce qui génère une grande angoisse et un phénomène de conversions à la Réforme.

3. De l’art de commencer une guerre

Dès l’avènement de François II en 1560, ses oncles François de Lorraine, duc de Guise, et Charles, cardinal de Lorraine entrent au Conseil royal, où ils exercent une forte influence.

La conjuration d’Amboise en 1560, menée par des protestants pour écarter les Guise du pouvoir, donne lieu à une sévère répression et contribue à accroître les dissensions.

La mort de François II, le 5 décembre 1560, place sur le trône son frère Charles IX, encore mineur, ouvrant une période de régence de leur mère Catherine de Médicis, marquée par une politique de dialogue entre les partis. Mais les tentatives de conciliation (états généraux d’Orléans en 1560, colloque de Poissy en 1561 et édit de Janvier en 1562) sont toutes des échecs.

Aux divisions religieuses se superposent des rivalités politiques entre les grandes familles de la noblesse et des conflits sociaux dans une période de grave crise financière. Ces tensions aboutissent au déclenchement de la première guerre civile en mars-avril 1562, accompagnée d’une vague d’iconoclasme.

4. Violences et massacres. La Saint-Barthélemy

La seconde moitié du XVIe siècle constitue une période de violences au cours de laquelle assassinats et tueries se multiplient.

Le début des guerres de Religion est marqué par des actes d’iconoclasme et les destructions, perpétrées par les huguenots, d’objets ou d’images liés au culte. Les catholiques répondent à ces saccages par des massacres en vue d’exterminer les « hérétiques » comme à Wassy, Sens, Tours et Orange. Il faut attendre la deuxième guerre de Religion pour que des catholiques soient massacrés par des protestants (Nîmes, 1567).

Ces tueries trouvent leur paroxysme dans l’épisode le plus connu et le plus violent des guerres de Religion, la Saint-Barthélemy, en août 1572. Elle débute par l’assassinat de l’amiral de Coligny et des chefs protestants présents à Paris au lendemain du mariage d’Henri de Navarre, futur Henri IV, et de Marguerite de Valois, sœur du roi Charles IX, puis dégénère en un massacre généralisé qui ensanglante Paris pendant trois jours et se répand dans d’autres villes.

5. La guerre des esprits, les factions et le régicide

Les affrontements religieux et politiques se jouent aussi sur le papier : favorisés par l’essor de l’imprimerie, les pamphlets, placards et opuscules de propagande saturent les opinions, atteignant toutes les couches de la population.

Cette intense « guerre des esprits » en fait le premier conflit médiatique de l’Histoire.

6. Le monde, théâtre des guerres de Religion

La royauté française, notamment grâce à Catherine de Médicis, déploie au cours des guerres de Religion une diplomatie active avec les cours étrangères, et ce au-delà des confessions religieuses. Les projets matrimoniaux impliquant les enfants royaux sont un des aspects de cette politique extérieure. De plus, la France poursuit des desseins « ultra-marins » : dès 1555, l’amiral de Coligny initie des expéditions au Brésil et en Floride où d’éphémères colonies, perçues comme des menaces par l’Espagne et le Portugal, permettent la cohabitation entre catholiques et protestants.

7. Politique en fête

Pour présenter son royaume au jeune Charles IX son fils, Catherine de Médicis organise un long tour de France de 1564 à 1566.

Ce voyage valide la nouvelle politique de pacification religieuse et de rétablissement de l’ordre public entérinée par l’édit d’Amboise (1563) qui met fin à la première guerre de Religion. Ce tour de France est l’occasion de grandes festivités illustrant la culture chevaleresque : festins, bals, mascarades, naumachies et tournois.

8. Gouverner en temps de guerre civile

Malgré les conflits militaires, les dissensions et une politique menée par à-coups, la période des guerres de Religion s’avère capitale dans la construction de l’État monarchique.

À la disparition d’Henri II, l’érosion de l’autorité du souverain offre aux Grands (Montmorency, Bourbons, Guise, Chatillon) la possibilité d’afficher leurs rivalités et leur prétention à diriger le Conseil, donc le gouvernement royal.

Pendant quarante ans, malgré la pression des partis ou les ingérences étrangères, l’État royal tente de maintenir la paix,

9. Réconciliations ?

Dès son accession au trône, Henri IV est en butte à une très vive opposition intérieure et doit partir à la reconquête de son royaume et de ses sujets. Sa lutte passe par les armes et une propagande intensive.

Cependant, le roi compte davantage sur les négociations et les concessions pour ramener ligueurs et anciens ennemis dans le parti royaliste.

10. Et après…

L’édit de tolérance de 1598 n’est cependant qu’un éphémère répit dans la longue confrontation de la monarchie catholique avec les protestants.

La césure définitive entre le politique et le religieux, entre l’État et la foi, est accomplie par la loi de séparation de 1905, toujours en vigueur aujourd’hui.

Commissariat – musée de l’Armée :

  • Laëtitia Desserrières, chargée de la collection de dessins, département beaux-arts et patrimoine
  • Christine Duvauchelle, chargée des collections d’archéologie et du Moyen-Orient, département Ancien Régime
  • Olivier Renaudeau, conservateur en chef du patrimoine, chef du département Ancien Régime
  • Morgane Varin, assistante au Commissariat d'exposition, département Ancien Régime

 

Événements autour de l'exposition

Bal à la cour des Valois

Vendredi 16 juin, de 19h à minuit

Revêtez vos plus beaux pourpoints, vertugadins et fraises le temps d’une soirée exceptionnelle ! Vous êtes invités à revivre le faste des fêtes de la Renaissance, à travers un grand bal costumé reconstitué dans les somptueux réfectoires des Invalides, le vendredi 16 juin 2023, de 19h à minuit.

 

Visites guidées de l'exposition

Visites en famille

 

Visites privilèges avec un commissaire de l'exposition

Expositions partenaires

Saison Faste et tragédie à la Renaissance

En partenariat avec les expositions Visages des guerres de religion au Château de Chantilly (du 4 mars au 21 mai 2023) et Antoine Caron (1521-1599) Le Théâtre de l'Histoire au Château d'Écouen, dans le cadre de la saison Faste et tragédie à la Renaissance.

 

Partenaires de l'exposition

  • CIC
  • Meindl & LoisirAlp
  • La Cinémathèque française

Avec la participation exceptionnelle de :

  • Ministère de la Culture
  • Archives Nationales
  • Ministère des Armées
  • Service historique de la Défense

Partenaires médias :

  • La Croix
  • Slate
  • Point de vue
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L'accès au Musée s'effectue par le 129 rue de Grenelle (de 10h à 18h) ou par la place Vauban (uniquement de 14h à 18h). Bonne visite !

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