Napoléon stratège : l'exposition en ligne
Le musée de l’Armée aborde une des facettes les plus célèbres et fascinantes de l’histoire de Napoléon : le chef de guerre. Cette exposition s'était déroulée du vendredi 6 avril 2018 au dimanche 22 juillet 2018.
Plus de 200 œuvres et objets issus de collections nationales et européennes (peintures, cartes, uniformes, objets personnels, manuscrits …) témoignent de sa trajectoire fulgurante.
L’exposition a exploré sa formation, le contexte de l’époque, les enjeux et le déroulement de ses campagnes, et montre l’homme au cœur de l’action en analysant ses plus célèbres batailles (Les Pyramides, Austerlitz, Wagram, La Moskowa, Waterloo…).
Stratège inégalé, c’est paradoxalement sur le champ de bataille que vaincu, il perd l’Empire qu’il avait bâti, rattrapé par ses adversaires européens. Néanmoins, deux cent ans plus tard, le nom de Napoléon fait toujours référence au succès militaire.
Cette exposition avait été organisée avec le soutien de la Fondation Napoléon et le CIC, grand partenaire du musée de l’Armée. Elle bénéficie de la participation exceptionnelle du Service historique de la Défense et de l’aimable concours du château de Versailles.
Partie 1. Devenir un stratège d’exception. Formation et premières armes
La carrière de Napoléon Bonaparte débute à une époque de bouleversements dans le domaine militaire. La guerre de Sept Ans (1756-1763) et la défaite de l’armée de Louis XV ont conduit à de profondes réformes organisationnelles et techniques.
À partir de 1793, la France révolutionnaire est en guerre contre presque toute l’Europe. Des troupes sont levées en masse. La fabrication d’armes s’intensifie. La République se dote de quatorze armées atteignant des niveaux d’effectifs inédits.
Simple officier d’artillerie en 1793, Bonaparte a assimilé les changements survenus dans l’art de la guerre.
Napoléon, trois fois chef
Napoléon cumule les fonctions de chef de l’État, de commandant en chef des armées et de général en chef sur le terrain.
Ce profil atypique fait de lui un stratège d’exception et sert pour une large part ses succès militaires.
L’ambition et le travail
Le jeune Bonaparte apprend le métier des armes à l’École royale militaire de Brienne-le-Château (1779-1784), puis à Paris (1785).
Elève brillant, il complète son apprentissage par de nombreuses lectures personnelles relatives à l’histoire et à la tactique militaire.
Les héritages : aux sources de la Grande Armée
Bonaparte commence sa carrière d’officier sous le règne de Louis XVI (1774-1792) et la poursuit sous la Révolution (1789-1799). À cette époque, l’armée française qui s’est distinguée lors de la guerre de l’Indépendance américaine (1778-1781) est considérée comme l’une des meilleures d’Europe. Elle dispose d’un armement de qualité composé du fusil à silex modèle 1777 et, surtout, d’un nouveau système d’artillerie, le système Gribeauval. Avec les guerres de la Révolution, la France mobilise de nouveaux moyens humains. La levée en masse puis la conscription mise en place en 1798 permettent d’aligner des effectifs inégalés et de former les bases de l’armée nationale.
En 1799, lorsque Napoléon Bonaparte prend le pouvoir, il dispose d’une armée nombreuse et victorieuse, composée de vétérans galvanisés par les idées révolutionnaires.
Des expériences précoces et variées
En 1793, lors du siège de Toulon,le capitaine Bonaparteest remarqué pour son plan d’attaque qui contribue à la victoire.
En 1796-1797, nommé à la tête des 45 000 hommes de l’armée d’Italie, à la suite de brillantes victoires,il marche sur Vienne et impose la paix de Campo Formio aux Autrichiens, sans en référer au gouvernement. Sous le général perce l’homme politique.
En mai 1798, le général Bonaparte prend le commandement d’une expédition militaire et scientifique destinée à conquérir l’Égypte. Les troupes françaises engagent une série de combats victorieux qui mènent Bonaparte au Caire. Pendant un an, le jeune conquérant gouverne l’Égypte. Ces premières campagnes sont des années d’apprentissage où Napoléon élabore son système de guerre ainsi que son futur système de gouvernement.
Partie II : Napoléon en action. La campagne idéale
Napoléon fait de l’armée française un outil militaire sans équivalent. Entre 1805 et 1809, à Ulm, Austerlitz, Iéna, Friedland, Wagram, il surclasse ses adversaires par sa pratique novatrice de la guerre.Sa méthode laisse le moins de place possible au hasard.
S’informer : l’étude du théâtre des opérations
Napoléon accorde une place centrale à l’étude des cartes destinée à préparer les déplacements de l’armée et à organiser la manœuvre. Il passe des heures à les étudier. Les informations recherchées concernent en priorité les grands axes de communication (routes, fleuves), l’emplacement des villes, les principaux obstacles naturels (montagne, marécage, cours d’eau).
Cette connaissance approfondie du théâtre des opérations lui permet de déterminer l’itinéraire et les objectifs de chaque corps d’armée, de calculer leur temps de parcours et de prévoir leur emplacement au jour le jour.
S’informer : la collecte des renseignements
Napoléon s’appuie sur un efficace réseau d’espions et sur les ambassades françaises à l’étranger, afin de recueillir des renseignements à caractère militaire : positions et mouvements de l’armée ennemie, dépôts, effectifs,réserves, armement…
Il met en regard ces éléments avec ce qu’il sait de ses troupes. Il envoie parfois des officiers de confiance sur le théâtre des futures opérations recueillir des informations spécifiques.
Commander : les officiers supérieurs
Au début de l’Empire, Napoléon s’appuie sur des chefs expérimentés issus pour la plupart du rang. Les officiers généraux et supérieurs de l’armée impériale ont commencé leur carrière dans l’armée royale ou révolutionnaire.
Exécutants fidèles, ils ont l’expérience de la manœuvre et du commandement et savent réagir efficacement aux ordres de l’Empereur. Napoléon utilise leurs compétences avec discernement pour leur attribuer des missions en rapport avec leur compétence.
Organiser. Une armée qui croit en son chef
L’armée de Napoléon admire son chef, dont les victoires répétées donnent un sentiment d’invincibilité.Nombre de soldats lui vouent une admiration sincère.
La succession des victoires, la vie aventureuse, le désir de gloire, la camaraderie l’emportent sur les privations et les souffrances. Napoléon anime ses hommes par de vibrantes proclamations. Il sait à l’occasion les aborder de manière simple et directe, ce qui leur plaît.
Très attentif à l’attribution des récompenses, notamment de la Légion d’honneur qu’il a instituée, Napoléon développe l’émulation dans l’armée et en avive les forces morales.
Mener la campagne. Marcher
Les soldats de l’Empire sillonnent toute l’Europe. Ils parcourent ordinairement une vingtaine de kilomètres à pied par jour, mais peuvent en parcourir le double ou plus encore en campagne.
Ainsi, cette célérité doit beaucoup au faible volume du bagage : en 1806, l’infanterie française en emporte huit fois moins que les Prussiens. Enroulés dans leur capote, les soldats bivouaquent sans tente. Ce procédé paie, mais expose les hommes, mal couverts et mal chaussés, à des fatigues intenses.
Mener la campagne. Transporter et approvisionner
L’offensive est favorisée par l’utilisation massive de chevaux. Au début de 1812, la Grande Armée compte un cheval pour quatre hommes, soit près de 150 000 chevaux qu’il faut harnacher et confier aux soins des vétérinaires et maréchaux-ferrants. Les chevaux de selle sont utilisés par la cavalerie, ainsi que par les officiers d’infanterie. Les chevaux de trait sont indispensables aux attelages, tractant les pièces d’artillerie ou tirant les caissons à munitions.
Afin de mieux organiser ces transports, Napoléon crée le train d’artillerie en 1800, le train du génie en 1806 et enfin, en 1807, le train des équipages, qui approvisionne l’armée.
Sur le champ de bataille
Napoléon est présent sur le champ de bataille. Avant le combat, il sillonne le théâtre des opérations afin de reconnaître le terrain. Il repère cours d’eau, reliefs, villages qui renforceront ses positions ou favoriseront son attaque. À l’aide de sa lunette, il observe les mouvements de l’ennemi.
Il sait se placer au plus près de l’action, dirigeant parfois lui-même l’offensive principale, comme à Austerlitz. Sa présence galvanise le courage des soldats.
Poursuivre l’ennemi
Après la bataille victorieuse, l’armée de Napoléon mène la poursuite. Il s’agit de progresser le plus rapidement possible en territoire ennemi pour forcer l’armée défaite à capituler avant qu’elle puisse se regrouper ou contre-attaquer.
Au lendemain de la double victoire française de Iéna et Auerstaedt (14 octobre 1806), les Prussiens battent en retraite. Napoléon les poursuit, multipliant les combats victorieux, les prises de ville.
Cent quarante mille soldats sont faits prisonniers. La Prusse, l’une des premières puissances militaires d’Europe, est vaincue en un mois
Partie III : Les limites de la stratégie napoléonienne
Usé par la guerre
« À partir de 30 ans, on commence à être moins propre à faire la guerre. Alexandre est mort avant de pressentir le déclin ». Napoléon commence à subir le contrecoup de son activité exceptionnelle. Sa santé se dégrade. Son jugement est moins sûr.
Son mariage avec Marie-Louise en 1810 et la naissance de son fils en 1811 lui donnent l’illusion que sa légitimité dynastique n’est plus guère contestable. Sa manière de faire la guerre n’évolue plus beaucoup, contrairement à celle de ses adversaires.
Une armée affaiblie
Au fil des campagnes, combler les pertes avec des éléments entrainés et aguerris s’avère de plus en plus difficile et les premières difficultés apparaissent lors de la campagne d’Autriche en 1809.
Sur le champ de bataille l’accroissement des effectifs et de l’emploi de l’artillerie entraine toujours plus de morts que les conditions sanitaires des hôpitaux aggravent. La guerre d’Espagne puis la campagne de Russie saignent la Grande Armée de manière durable.
La recomposition de 1813 reflète ces terribles pertes. L’armée est alors composée de jeunes conscrits peu entraînés ou de gardes nationaux. Peu aguerrie, les jeunes soldats sont sujets à la démoralisation, à la désertion et aux maladies comme le typhus ou la dysenterie. Confronté à des armées adverses désormais aguerries la manœuvrabilité française ne suffit plus, et les succès de 1814 ne sont qu’éphémères.
Défaites militaires, chute politique
Au lendemain de leur victoire de Leipzig (16-19 octobre 1813), l’objectif des Alliés est de vaincre Napoléon de manière définitive. Ils refusent de négocier avec lui, et décident de marcher sur Paris. Réduit à la défensive, Napoléon tente, entre janvier et avril 1814, de repousser l’invasion.
Son talent manœuvrier inflige aux Alliés plusieurs revers tactiques qui s’avèrent cependant éphémères. Ces derniers, forts de leur supériorité numérique écrasante et de leur détermination finissent par s’imposer. Paris est prise le 31 mars 1814.
La conscription des dernières années jugée écrasante, ajoutée aux défaites des années 1812 et 1813 ont détaché l’opinion publique de l’Empereur.
Vaincu, il est contraint à l’abdication le 6 avril. Son retour au pouvoir pendant les Cent-Jours, au printemps 1815, se heurte à l’hostilité unanime des puissances européennes. La défaite de Waterloo, le 18 juin, signe sa chute politique définitive.
En savoir plus sur l'exposition
"Napoléon Stratège" : le film-annonce
Making-of de l'exposition
Conférences sur Napoléon Stratège
Reportage France 3 Ile-de-France : Napoléon Stratège
Cycle Cinéma "L'Empereur contre-attaque"
En écho à l'exposition Napoléon stratège, ce cycle cinéma se proposait de montrer, au travers d’une programmation de cinq films, comment la stratégie napoléonienne a été transposée à l'écran.