Le piano d’Alexander Paley
Malgré les conflits successifs, les compositeurs français ont toujours respecté Bach, Mozart, Haydn et Beethoven en tant que patrimoine universel. Alexander Paley nous offre une interprétation véritablement incandescente de la Suite française de Bach, des œuvres de Mozart ainsi que Rameau et Ravel.
En réaction au conservatisme de la Société nationale de musique créée en 1871 par Bussine et Saint-Saëns et au sectarisme de la nouvelle Ligue nationale pour la défense de la musique française, Ravel fonde en 1910 la Société musicale indépendante.
Revendiquant ardemment sa pleine liberté d'appréciation des productions de ses confrères étrangers, il précise également qu’« il ne peut être question de répudier, pour nous et les jeunes générations, le classique qui constitue l’un des monuments immortels de l’humanité ».
Et, par-delà ces affrontements, c’est unanimement que tous les compositeurs français s’accordent à considérer l’œuvre de Bach, Mozart, Haydn et Beethoven comme appartenant à un patrimoine universel, envers lequel respect et même dévotion doivent prévaloir.
L’admirable Suite française n°5 de Bach et la Fantaisie ainsi que la Sonate en ut mineur de Mozart s’y inscrivent indéniablement, encore sublimées sous les doigts d’Alexander Paley, au toucher aussi expressif que perlé.
Si Saint-Saëns est patriote jusqu’au chauvinisme, français jusqu’au « gallicanisme », prétendant en 1915 vouloir éliminer « le poison germanique » des programmes, ces positions outrancières auraient pu apporter un discrédit fâcheux sur la noble cause qu’il entendait défendre, mais les qualités de ses œuvres viennent heureusement conjurer ce péril.
Ainsi en est-il notamment de ses brillantes Études, opus 52 inscrites à ce programme. Quant à la redécouverte de Rameau, elle doit beaucoup à Bordes et d’Indy, clamant d'une seule voix « qu’elle fut toujours la vraie grandeur de notre musique nationale », le critique Lasserre allant jusqu’à saluer en Rameau « notre Racine musical ».
Debussy les rejoint dans ce qui s’apparente même à une forme d’idéalisation, en louant ce retour à une tradition musicale expressément française et « ce goût français de l’ordre, de la logique, de la clarté », confiant à son propos : « Nous avons cessé de cultiver notre jardin mais, par contre, nous avons serré la main des commis voyageurs du monde entier ».
Alexander Paley, qui en a enregistré l’intégrale, nous offre une version très personnelle et véritablement habitée de l’œuvre de Rameau, faisant miroiter les harmonies et l’ornementation baroques jusqu’à l’incandescence, en exploitant toutes les ressources du piano pour en révéler les plus chatoyantes couleurs.
Son approche, son toucher et son jeu ne sont pas moins ensorcelants dans Ravel. Restituant les sublimes ruissellements de ses Jeux d’eau, c'est en véritable architecte des sonorités qu’il interprète le Tombeau de Couperin, dont chacune des six pièces est dédiée par Ravel à un ami tombé au front.
La création en est donnée le 11 avril 1919, précisément au sein de la Société musicale indépendante, par Marguerite Long, veuve du dédicataire de la dernière pièce en forme de Toccata.
Hommage non seulement à Couperin, mais à toute la musique française du XVIIIe siècle, cette Suite ne s'apparentant nullement à un pastiche, vient conclure ce programme.
Programme
Rameau, L’Entretien des Muses
Bach, Suite française n°5 en sol majeur, BWV 816
Mozart, Fantaisie en ut mineur K. 475
Mozart, Sonate en ut mineur, K. 457
Rameau, Les Tourbillons
Saint-Saëns, Deux études, opus 52
Ravel, Jeux d’eau, Le Tombeau de Couperin
Distribution
Alexander Paley, piano
Important
Accès unique pour les concerts de 20h par le 129 rue de Grenelle (Face au pont Alexandre III).
Il est nécessaire d'acheter ses billets à la billetterie sur place de 10h à 17h30 ou en ligne
Réservations des concerts 2024-2025
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