VICTOIRES ! Les révolutions de l’opéra sous Napoléon Ier

À la date anniversaire de la victoire de Napoléon sur les Prussiens, à Brienne-le-Château, le 28 janvier 1814, ce concert fait référence à l’emprise de l’Empereur sur les arts et notamment sur l’opéra.

Horaires :

20h
lundi 29 janvier 2024

Lieu de l'évenement :

Grand Salon

Au travers d’ouvrages le glorifiant, Napoléon se forge une image d’héroïsme triomphant, exaltant son épopée victorieuse pour mieux façonner sa propre gloire et bâtir sa légende, le tumulte des armes étant sublimé par l’éclat des arts.

Important

Accès unique pour les concerts de 20h par le 129 rue de Grenelle (Face au pont Alexandre III).
Il est nécessaire d'acheter ses billets à la billetterie sur place de 10h à 17h30 ou en ligne

Programme

  • Phèdre, Air de Phèdre, "Il va venir venir" / Jean-Baptiste Lemoyne
  • Les Abencérages, air de Noraïme, "Épaissis tes ombres funèbres" / Luigi Cherubini
  • Quatuor op. 3 n°1 en ut majeur, II. Adagio / Hyacinthe Jadin
  • Iphigénie en Aulide, "L’ai je bien entendu ?" / Christophe Willibald Gluck
  • Les Danaïdes, air d’Hypermnestre, "Par les larmes" / Antonio Salieri
  • Quatuor op. 3 n°1 en ut majeur, IV. Finale Presto / Hyacinthe Jadin
  • La Vestale, air de Julia, "Toi que je laisse" / Gaspare Spontini
  • La mort d'Adam, air de Sélime, "Il lira dans mon cœur le plus tendre retour" / Jean Francois Le Sueur
  • Œdipe à Colone, air d’Antigone, "Dieux ! ce n’est pas pour moi" / Antonio Sacchini
  • Valentine de Milan, air de Valentine, "Vaillant guerrier, chère et noble victime" / Étienne Nicolas Méhul
  • Quatuor op. 34 n°1 en si mineur, III. Larghetto / Pierre Baillot
  • Andante sur un poème de Coupigny / Martin Pierre d’Alvimare
  • Anacréon, air de Corinne, "Jeunes filles aux regards doux" / Luigi Cherubini
  • Quatuor op. 3 n°1 en ut majeur, IV. Finale Agitato / Hyacinthe Jadin
  • Didon, air de Didon, "Non, ce n’est plus pour moi... Hélas ! pour nous il s’expose" / Niccolò Piccini

Distribution

  • Judith van Wanroij, soprano
  • Quatuor Cambini – Paris
    • Julien Chauvin et Cécile Agator, violons
    • Pierre-Éric Nimylowycz, alto
    • Atsushi Sakaï, violoncelle

Production Bru Zane France

Éditions musicales Palazzetto Bru Zane / Transcriptions d’Alexandre Dratwicki

En savoir plus

Depuis la fin de la Terreur jusqu’à la chute de du Premier Empire, la vie musicale parisienne connaît deux décennies cruciales, tant sur le point de son organisation que sur celui de son orientation esthétique. Dans l’histoire de la musique européenne, cette période charnière reste pourtant méconnue, placée à l’ombre de la carrière imposante de Beethoven. Il faut néanmoins s’y pencher pour saisir à la fois la source de l’idéal romantique français et la manière dont on solde l’héritage de la Révolution. Scandée en trois temps politiques – le Directoire (1795-1799), le Consulat (1799-1804) et l’Empire (1804-1815) –, l’époque se caractérise par le retour progressif à un régime autoritaire, lourd de conséquences pour une production contemporaine surveillée, mais également porteur d’opportunités avec la fondation du Conservatoire puis la revalorisation des scènes lyriques et le rétablissement d’une Chapelle et d’une Musique particulière. Par ailleurs, à mesure que la défense de la Patrie en danger se transforme en désir de conquête universelle, le milieu artistique se voit confier une double mission : assimiler les prises de guerre dans les territoires occupés et rayonner sur l’ensemble de l’Europe. Un florilège d’œuvres composées au cours de cette période mouvementée seront interprétées lors du festival à Venise.

Napoléon, comme Louis XIV, comprit la force de l’art pour éduquer et instruire. L’opéra fut un des rouages de cette politique habile. Guerrier mais magnanime, héroïque mais touchant, telle fut l’image que l’empereur voulut qu’on porte à la scène à travers des ouvrages le glorifiant : Fernand Cortez de Spontini, Les Abencérages de Cherubini, Les Bayadères de Catel, etc. La détermination napoléonienne se concrétise grâce à une armée de compositeurs regroupée au sein du Conservatoire, ouvert en 1795 : les noms de Catel, Le Sueur, Méhul, Fontenelle – entre autres – ne méritent pas l’oubli qui les enveloppe aujourd’hui. Leur musique, à la fois énergique et sensible, séduit chaque fois qu’elle peut être entendue. L’ambition expansionniste de Napoléon ne s’arrête pas au seul talent français : sa conquête de l’Italie lui permet de découvrir des artistes tels Paisiello dont il apprécie la faconde mélodique et les accompagnements délicats. Cette rencontre décisive ouvre toutes grandes les portes de l’opéra de Paris aux compositeurs comme Spontini et Cherubini qui, dans la lignée de Sacchini, Piccinni et Salieri, inventeront le romantisme monumental dont Wagner et Verdi se nourriront plus tard. C’est l’ébullition de ce laboratoire lyrique que le programme servi par Judith van Wanroij et le Quatuor Cambini-Paris, et conçu par le Palazzetto Bru Zane, veut illustrer. Pour qu’elle porte au cœur du public tout son charme envoûtant, il fallait que cette musique riche et innovante s’incarne dans des artistes de premier plan. C’est indiscutablement la soprano Caroline Branchu – chanteuse de l’opéra entre 1800 et 1830 – qui marquera le plus les esprits. Incroyable Julia de La Vestale, phénoménale Laméa des Bayadères, inoubliable Amazily de Fernand Cortez, elle acquiert une notoriété internationale en étendant son empire jusqu’à Berlioz : lorsqu’il la découvre en arrivant à Paris vers 1820, le jeune compositeur se dit transporté d’émotions et la couvre d’éloges. Elle sera le modèle avoué de la Didon des Troyens, 40 ans plus tard, après avoir été l’égérie de Spontini et – dit-on – la maîtresse de Napoléon. Chantant ses conquêtes, elle fit la sienne.

Les compositeurs

Pierre Baillot (1771-1842)

Né en 1771, Pierre Baillot fut pendant un demi-siècle l’un des plus grands représentants de l’école française de violon. Disciple de Viotti (1755-1824), Baillot commence sa carrière au Conservatoire de Paris comme remplaçant de Rode (1744-1830), en 1795. Il y est nommé professeur quatre ans plus tard, et entreprend alors de compléter sa formation dans les classes de Reicha, Catel et Cherubini. Pédagogue consciencieux, il eut de nombreux disciples parmi lesquels Habeneck, l’altiste Chrétien Urhan ou encore Ingres. Membre de la musique du Premier Consul et de la Chapelle impériale, violoniste à l’Opéra, Baillot effectue aussi des tournées dans le monde entier (Russie, Belgique, Hollande, Angleterre, Savoie, Piémont, Lombardie, Suisse...). De 1814 à 1840, il organise dans divers lieux des séances de quatuor et de quintette par souscription qui inaugurent une pratique plus professionnalisée de la musique de chambre. Ne se contentant pas de jouer ses propres œuvres en concert, Baillot participe aussi à la création parisienne d’œuvres de Beethoven et d’autres compositeurs. En accord avec son jeu – touchant et dénué de toute virtuosité ostentatoire – et avec son œuvre – d’une large variété de coloris et d’une grande délicatesse –, ses écrits théoriques et pédagogiques (Méthode de violon, 1803 ; Méthode de violoncelle, 1804 ; L’Art du violon, 1834) exhortent les interprètes à se référer au chant de la voix humaine – considérée par Baillot comme le vecteur absolu de l’émotion – et prônent l’expression de « toutes les affections de l’âme et tous les élans de l’imagination ».

Luigi Cherubini (1760-1842)

Bien que né à Florence, Cherubini reste une figure éminente de l’école française dans la première moitié du XIXe siècle. Les inimitiés qu’il suscita comme directeur du Conservatoire de Paris (1822-1842) firent beaucoup contre sa réputation de compositeur. Mais il n’en demeure pas moins l’auteur incontournable de plus de trente opéras, ainsi que de nombreuses œuvres de musique de chambre, religieuse et symphonique. Fils d’un musicien de théâtre qui l’initie au contrepoint, il fait assez rapidement ses débuts, à Florence puis à Londres et à Turin. À Paris, en 1785, il approche Marie-Antoinette par l’intermédiaire du violoniste Viotti et devient membre de la Société olympique, institution de concert proche de la franc-maçonnerie et fréquentée par la haute aristocratie. Pour autant, sa première composition pour l’Académie royale de musique, Démophon (1788), n’est pas un franc succès. En 1789, il devient codirecteur du théâtre de Monsieur, futur théâtre Feydeau. C’est là qu’il crée ses principaux chefs-d’œuvre, Lodoïska (1791), Élisa (1794), Médée (1797), L’Hôtellerie portugaise (1797) et Les Deux Journées (1800). Si son opéra-ballet Anacréon ou L’Amour fugitif (1803) témoigne d’un art parfaitement maîtrisé à l’aube de l’Empire, Cherubini ne s’en trouva pas moins écarté des scènes parisiennes du fait de sa réputation de contre-révolutionnaire et de ses relations difficiles avec Napoléon. En réalité, sa carrière institutionnelle ne prit son essor que sous la Restauration, notamment par une nomination à la surintendance de la Chapelle royale (1814) et une élection à l’Institut (1815).

Christoph Willibald Gluck (1714-1787)

Né en Bavière, Gluck débute sa formation musicale à Prague, puis la poursuit à Vienne et à Milan où il reçoit l’enseignement de Sammartini (1736). Ses premiers opéras, qui respectent la tradition italienne, rencontrent un réel succès au cours des années 1740. Durant la décennie suivante, il se fixe à Vienne où il est nommé maître de chapelle de la cour à l’âge de seulement 30 ans. Il continue alors sa production d’opéras italiens tout en adaptant des opéras français à la mode pour la scène autrichienne. Avec le ballet Don Juan (1761) et surtout l’opéra Orfeo ed Euridice (1762) débute pour lui une période réformatrice qui aura un retentissement durable sur la production musicale en Europe. Elle le placera aux premiers rangs des compositeurs classiques tout en l’établissant en référence essentielle des premiers romantiques, dont Hector Berlioz. Gardant pour mots d’ordre le naturel et la simplicité, il triomphe à Paris en 1774 avec Iphigénie en Aulide et la traduction française d’Orphée. Ces succès entraînent une réaction virulente des défenseurs de l’opéra italien en France, partisans de Niccolò Piccinni, et engagent un conflit artistique qui durera plusieurs années. Cette querelle est jalonnée par de nombreux succès : Alceste (1776), Armide (1776), Iphigénie en Tauride (1779) ; et par l’échec retentissant d’Écho et Narcisse (1779) à la suite duquel le compositeur quitte définitivement Paris. Auteur de 107 opéras, d’opéras-comiques, de ballets-pantomimes, Gluck a également produit des pièces de musique instrumentale et des œuvres sacrées (notamment un De profundis).

Hyacinthe Jadin (1776-1800)

Membre d’une grande famille de musiciens, Hyacinthe Jadin était le fils d’un bassoniste ordinaire de la Musique du roi sous Louis XV, et le frère cadet de Louis-Emmanuel Jadin, pianiste et compositeur, auteur prolifique d’opéras-comiques (1768-1853). Baigné dès sa plus tendre enfance dans le milieu artistique, il reçut ses premières leçons de son père avant de suivre l’enseignement d’un élève de Carl Philipp Emanuel Bach, Nicolas-Joseph Hüllmandel. À l’instar de son frère aîné, Hyacinthe s’initia très tôt au piano, instrument appelé à devenir son médium de prédilection. En 1789, il interprète l’un de ses premiers concertos pour piano au Concert spirituel, débutant une double carrière de concertiste et de compositeur. Deux ans plus tard, on le retrouve second accompagnateur du théâtre de Monsieur, rebaptisé théâtre Feydeau en 1791. C’est là qu’il accède peu à peu à la notoriété, ses talents suscitant l’admiration générale, notamment lors de la saison 1796-1797. Au faîte de sa gloire, il achève alors un important corpus de sonates, de concertos, de trios et quatuors à cordes. Nommé professeur de piano au Conservatoire de Paris dès la création de l’institution en 1795, il conserva ce poste jusqu’à sa mort prématurée, à 24 ans. Hyacinthe Jadin est incontestablement l’une des figures les plus originales et les plus visionnaires de la musique française à l’heure du premier romantisme, auteur d’une œuvre qui, tout en rappelant à la fois Mozart, Beethoven voire Schubert, incarne par son style une sensibilité typiquement française.

Jean-Baptiste Lemoyne (1751-1796)

Jean-Baptiste Lemoyne a reçu son éduction musicale d’un oncle maître de chapelle à la cathédrale de Périgueux. Il débute une carrière de chef d’orchestre en France et profite, en 1770, de la tournée d’une troupe de théâtre pour partir à Berlin continuer ses études en composition auprès de Graun, Kirnberger et Schulz. Il y fait représenter son premier opéra, Toinon et Toinette, qui reçoit un accueil favorable. Poursuivant son voyage vers la Pologne, il écrit en 1775 Le Bouquet de Colette, créé à Varsovie. Son élève, Antoinette Clavel (dite Mme Saint-Huberty) y tient le rôle-titre, et les succès européens grandissants de la jeune femme facilitent en 1780 à Lemoyne l’accès à la scène lyrique française. Se présentant comme un disciple de Gluck, il fait jouer Électre à Paris en 1782. Proposé en plein conflit entre gluckistes et piccinnistes, cet opéra dédié à Marie-Antoinette reçoit un mauvais accueil qui pousse Gluck à ne pas reconnaître ce prétendu élève. Profondément déçu par cette réaction, Lemoyne choisit Piccinni comme nouveau modèle. Phèdre, composée en 1786 dans le style italien, obtient un brillant succès. Lemoyne part alors un temps en Italie pour approfondir sa connaissance de l’opéra transalpin et revient en France en 1788. Se tournant enfin vers le style français (avec notamment Nephté et Les Prétendus, présentés en 1789), il écrit des œuvres pour l’opéra et le théâtre Favart jusqu’à la fin de sa vie : les répétitions de L’Île des femmes (1796) seront interrompues par sa mort.

Jean-François Le Sueur (1760-1837)

Issu d’une famille de paysans picards, Jean-François Le Sueur apprend son art dans les maîtrises d’Abbeville et Amiens puis entame une carrière de maître de chapelle qui le fait voyager à Sées, Paris (où il apprend l’harmonie et le contrepoint auprès de l’abbé Nicolas Roze), Dijon, Le Mans et Tours. Il revient à Paris en 1784 pour prendre la succession de son maître à l’église des Saints-Innocents, puis devient maître de chapelle de Notre-Dame de Paris (1786). La Révolution bouleverse ce parcours jusqu’alors uniquement dédié à la musique sacrée : il participe à la composition d’hymnes à la gloire du nouveau régime et suit le mouvement qui mène à la création du Conservatoire de Paris, dont il est nommé inspecteur en 1795. De cette période date également son intérêt nouveau pour la scène lyrique (drames ou opéras-comiques), qui s’exprime sur les planches du théâtre Feydeau : La Caverne (1793), Paul et Virginie (1794) et Télémaque (1796). Un conflit interne au Conservatoire – où il devient professeur de composition à partir de 1801 – le pousse vers la sortie en 1802. La protection que lui accorde Napoléon lui permet cependant de rayonner sous l’Empire : maître de chapelle des Tuileries, il marque les esprits sur la scène de l’opéra avec Ossian ou Les Bardes (1804), Le Triomphe de Trajan (1807) et La Mort d’Adam (1809). Cette proximité avec l’empereur ne lui est nullement reprochée au retour des Bourbons. Il retrouve même sa place de professeur de composition au Conservatoire, où il forme la future génération romantique, notamment Hector Berlioz, Ambroise Thomas et Charles Gounod.

Étienne-Nicolas Méhul (1763-1817)

Né à Givet, Méhul reçoit ses premiers rudiments musicaux de l'organiste allemand Hanser. Muni d'une lettre de recommandation pour Gluck, il arrive à Paris en 1779 et approfondit sa formation auprès du claveciniste alsacien Jean-Frédéric Edelmann, qui l'initie vraisemblablement à Mozart et à Carl Philipp Emanuel Bach ; il compose sous cette influence ses deux premiers opus de sonates pour le clavier. Le retard que met l'Académie royale de musique à monter son premier opéra, Cora, en 1789, pousse Méhul vers l'Opéra-Comique, où il connaîtra ses plus grands succès. Euphrosine est le premier exemplaire d'un nouveau genre d'opéra-comique marqué par le style héroïque, cette « musique de fer » qui répond si bien aux nouvelles attentes du public sous la Révolution. Stratonice, Mélidore, Ariodant, sont autant d'œuvres qui font exploser le cadre étroit de l'ancienne comédie mêlée d'ariettes et transforment l'opéra-comique en creuset du futur opéra romantique. La recherche de Méhul vers une expressivité dramatique toujours plus grande fait de lui un virtuose de l'orchestre, comme le prouve, sous l'Empire, Uthal, drame ossianique composé sans violons. C'est alors qu'il élabore, entre 1808 et 1810, ses cinq symphonies. Mais c'est Joseph, drame biblique, qui assurera sa gloire en Europe au XIXe siècle. À l'instar de celui du peintre David, le style de Méhul a évolué au rythme des bouleversements politiques en France ; sous la Restauration, il compose La Journée aux aventures, opéra-comique aux accents « Ancien régime » dignes d'un Beaumarchais. Méhul succombe à la tuberculose en 1817.

Niccolò Piccinni (1728-1800)

Né à Bari en Italie, Piccinni étudie au Conservatoire de Naples avec Leo et Durante. Son premier opéra, Le Donne dispettose, est donné en 1754. Une cinquantaine d’ouvrages suivront tout au long de sa carrière, des opere buffe surtout, des opere serie également, ainsi que de plus brefs intermezzi. En 1758, Piccinni s’installe à Rome, où il connaît un grand succès avec La Buona figliola (1760). Sa rivalité avec Anfossi le conduit toutefois à partir pour Naples. En 1776, la reine Marie-Antoinette le demande pour professeur. Il se rend donc à Paris, où il devient également directeur du Théâtre-Italien. Il composera une douzaine d’ouvrages en français, dont cinq tragédies lyriques ; la première d’entre elles, Roland, est donnée à l’Opéra en 1778. En réformateur de l’opéra, Gluck vient d’y faire représenter Armide. Une querelle oppose alors les deux compositeurs, querelle dite « des gluckistes et des piccinnistes ». Leurs Iphigénie en Tauride respectives donnent du grain à moudre aux théoriciens et littérateurs, dans le sillage de la « Querelle des bouffons », survenue un quart de siècle auparavant. Piccinni est ensuite opposé à Sacchini, dont il triomphe avec Didon (1783). Suite à la Révolution, les difficultés s’accumulent vers 1790. Le musicien retourne à Naples puis se rend à Venise, où il donne La Griselda (1793). Revenu à Paris en 1798, il y est nommé inspecteur de l’enseignement du Conservatoire. Outre ses opéras, le catalogue de Piccinni comprend quelques partitions pour clavecin et des pièces religieuses avec chœur.

Antonio Sacchini (1730-1786)

Né à Florence, Sacchini étudie à Naples avec Francesco Durante. Après quelques ouvrages bouffes, il débute au San Carlo avec Andromaca (1761), son premier opera seria. Mais c’est le triomphe d’Olimpiade, créé à Padoue en 1763, qui attire sur lui les regards de l’Italie entière. Jusqu’au début des années 1770, il compose pour divers théâtres, s’illustrant tant dans le registre sérieux que dans celui de la comédie. En 1768, il s’installe à Venise pour diriger le Conservatoire dell’Ospedaletto et enseigner le chant (il forme Nancy Storace, future créatrice du rôle de Susanna dans Les Noces de Figaro de Mozart). Sa réputation franchit les frontières puisqu’en 1770 il est appelé à Munich (Scipione in Cartagena, L’eroe cinese) et Ludwigsburg (Calliroe). En 1772 débute sa décennie londonienne, qui voit la composition de dix opéras pour le King’s Theatre, essentiellement seria. Le premier, Il Cid, adapte la pièce de Corneille qui lui avait déjà inspiré Il Cidde en 1769, et à laquelle Sacchini reviendra une troisième fois en 1783. Après Mitridate (1781), menacé d’emprisonnement à cause de ses dettes et blâmé pour ses mœurs relâchées, il se rend à Paris. Il écrit trois tragédies lyriques pour l’Académie royale de musique : Renaud (1783), Chimène (1783), Dardanus (1784). Mais de sombres intrigues le brouillent avec Piccinni et entravent sa carrière, en dépit du soutien de Marie-Antoinette. Œdipe à Colone, créé en janvier 1786, n’obtient du succès qu’à sa reprise posthume, un an après. Le dernier opéra de Sacchini, Arvire et Évelina, laissé inachevé, est complété par Jean-Baptiste Rey.

Antonio Salieri (1750-1825)

Né près de Vérone, Antonio Salieri reçoit ses premiers rudiments musicaux de son frère et d’un organiste local. À Venise, il travaille le chant avec Pacini et la composition avec Pescetti, qui l’incitent à se perfectionner avec Gassmann à Vienne. Salieri y dirige des répétitions d’opéras et y débute lui-même dans le domaine théâtral en 1770. À la mort de Gassmann en 1774, il reprend son poste de compositeur de la cour de Vienne, ce qui ne l’empêchera pas de faire jouer ses opéras en Italie ou à Paris dans les années suivantes. Nommé maître de la Chapelle impériale en 1788, Salieri intensifie son activité pédagogique à partir de 1790 : parmi ses élèves, en chant ou en composition, ne comptent rien moins que Beethoven, Schubert, Moscheles, Hummel, Liszt et Meyerbeer. Actif sur tous les fronts, le musicien participe d’ailleurs à la création du Conservatoire de Vienne, dont il devient directeur en 1817. À l’occasion des cinquante ans de son activité, des fêtes sont organisées dans la ville, qui témoignent de sa grande autorité. Parmi son vaste catalogue figurent une quarantaine d’ouvrages lyriques, dans l’héritage de Gluck, richement orchestrés, mais aussi des partitions sacrées, de la musique pour chœur, un bon nombre de pièces instrumentales dont des concertos, des symphonies et de la musique de chambre pour vents. Il n’est pas inutile de rappeler que Salieri n’a nullement fait empoisonner Mozart, contrairement à la légende répandue par la nouvelle de Pouchkine Mozart et Salieri, dont s’inspira Forman dans son film Amadeus.

Gaspare Spontini (1774-1851)

Né en Italie, issu d’une famille modeste qui le destinait à la carrière ecclésiastique, Spontini fit ses études au conservatoire de Naples. D’un caractère difficile, il s’y montre mauvais élève, et quitte l’établissement avant l’achèvement de sa formation, ce dont ses premiers essais souffrirent, au-delà d’un indéniable tempérament artistique. Attiré par l’effervescence régnant à Paris, il s’y installe en 1803, et obtient rapidement la commande de plusieurs opéras-comiques, La Petite Maison et Milton (1804), puis Julie ou Le Pot de fleurs (1805). Protégé de l’impératrice, il en devient en 1805 le compositeur attitré. Mais, homme de théâtre, il ambitionne surtout de se mesurer à la tragédie lyrique. Dans ses trois chefs-d’œuvre que sont La Vestale (1807), Fernand Cortez ou La Conquête du Mexique (1809) et Olympie (1819), il parvient à revivifier le langage de Gluck par différents apports de la musique révolutionnaire. À ce titre, il peut être regardé comme l’initiateur du grand opéra romantique. Fort de sa notoriété, il ne produisit toutefois que peu d’ouvrages en France, parmi lesquels Pélage ou Le Roi de la Paix (1814) et Les Dieux rivaux (1816). S’ajoutent à ce corpus plusieurs pièces vocales, quelques œuvres sacrées et de nombreux écrits. Face à l’accueil hostile réservé à Olympie, et malgré une naturalisation en 1817, il quitte Paris en 1820 pour s’installer à Berlin, où il compose ses quatre derniers opéras, dont Lalla Rookh (1821) et Agnes von Hohenstaufen (1829). Après un ultime séjour en France, entre 1842 et 1847, il s’éteint dans son village natal de Maiolati.

Éléments biographique / Distribution

Judith van Wanroij, soprano

Après des études de chant au conservatoire d’Amsterdam puis à la Dutch National Opera Academy à Amsterdam et La Hague, Judith van Wanroij remporte le Premier prix de la compétition Erna Spoorenberg Vocalisten Presentatie. Elle fait ses débuts à l’opéra de Lyon dans La Périchole, La Bohème, puis L’Enfant et les sortilèges. Elle s’est notamment produite dans Didon et Énée à Vienne et Aix-en-Provence, Ariadne auf Naxos à Madrid, Castor et Pollux à Amsterdam ainsi que dans Armide à New York et Washington. En concert, elle chante sous la direction de chefs tels que Christophe Rousset, René Jacobs, Hervé Niquet, William Christie, Guy van Waas, Laurence Equilbey, Leonardo García Alarcón ou encore Marc Minkowski. On l’a récemment entendue dans Le Tribut de Zamora de Gounod avec l’orchestre de la radio de Munich en version concert avant une parution en livre-disque (2018, Bru Zane), Phèdre de Lemoyne à Limoges, Metz et Budapest avec le Palazzetto Bru Zane, Sémiramis de Destouches au festival d’Ambronay avec Les Ombres, Achante et Céphise de Rameau (Zirphile) avec Les Ambassadeurs, Idomeneo et La Flûte enchantée avec les Talens Lyriques à Würzburg et Gstaad. Parmi ses projets récents et futurs, citons La Flûte enchantée à Bâle et au Théâtre des Champs-Élysées, Didon avec Le Concert Spirituel, Hulda de César Franck avec l’Orchestre philharmonique royal de Liège en collaboration avec le Palazzetto Bru Zane, Iphigénie en Tauride au théâtre des Champs-Élysées ou encore Castor et Pollux à Budapest. Elle a participé à l’enregistrement de La Princesse Jaune de Saint-Saëns avec l’orchestre national du Capitole de Toulouse (Bru Zane, août 2021).

Le Quatuor Cambini-Paris

Julien Chauvin, violon / Pierre-Éric Nimylowycz, alto / Atsushi Sakaï, violoncelle

Le Quatuor Cambini-Paris présente la particularité de jouer sur instruments d’époque et se consacre à l’interprétation des œuvres reconnues de Haydn, Mozart, Beethoven ou Mendelssohn mais aussi à la redécouverte de compositeurs français oubliés tels Jadin, David ou Gouvy. Le choix du nom de Giuseppe Maria Cambini (1746-1825), violoniste et compositeur de 155 quatuors à cordes, témoigne de l’envie des musiciens d’explorer les évolutions stylistiques des époques classique et romantique. Le Quatuor Cambini-Paris se produit dans des salles et des festivals en France et à l’international : Frick Collection à New York, Salle Bourgie à Montréal, Palais de Marbre à Saint-Pétersbourg, Auditorium du musée du Louvre et du musée d’Orsay, château de Versailles, Arsenal de Metz, Concertgebouw de Bruges, festival de Deauville, le festival Radio France Occitanie Montpellier, Newbury Spring Festival, festival de Saintes. Parmi les enregistrements discographiques du Quatuor Cambini-Paris récompensés par la critique (Choc de Classica, ƒƒƒƒ de Télérama, Diapason découverte) se trouvent notamment l’intégrale des quatuors de Charles Gounod (Aparté), les six quatuors de Mozart dédiés à Haydn (Ambroisie-Naïve), le livre-disque consacré à Théodore Gouvy (Bru Zane, 2014), un album autour de Félicien David (Ambroisie-Naïve) et un autre consacré à Hyacinthe Jadin (Timpani). En musique de chambre, le quatuor se produit aux côtés d’artistes tels que Nicolas Baldeyrou, Kristian Bezuidenhout, Christophe Coin, Jean-François Heisser, David Lively ou Alain Planès. Depuis plusieurs années, le Quatuor Cambini-Paris mène en concert l’intégrale des 68 quatuors de Haydn au théâtre de Caen, un projet qui durera 8 ans.

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