Le temps des réformes et des expériences
Les réformes militaires de Charles VII : la création de l'armée moderne
Au Moyen Âge, le roi de France est à la tête d’une armée constituée par ses vassaux. Pour financer une campagne militaire, il doit réunir les Etats généraux qui décident, ou non, de lever un impôt extraordinaire : la taille. Charles VII réforme ce système. Il obtient progressivement des États généraux que la taille devienne un impôt permanent.
Bénéficiant de cette nouvelle manne financière, il promulgue le 26 mai 1445 la Grande Ordonnance de Louppy-le-Château qui pose les bases d’une armée permanente constituée de quinze compagnies au service exclusif du roi.
Quinze capitaines, choisis en raison de leur naissance et de leurs qualités, sont chargés de constituer chacun une compagnie de 100 lances. La lance, unité tactique, comprend quatre combattants - un chef de lance, deux archers, un coutilier - et deux auxiliaires tous montés. Charles VII dispose ainsi d’une armée permanente de 9 000 hommes, payés en temps de guerre comme en temps de paix.
1453 : Castillon et la fin de la guerre de Cent ans
En 1450, la bataille de Formigny met fin à la guerre de Cent Ans dans la partie nord du royaume.
Trois ans plus tard, le 17 juillet 1453, la bataille de Castillon met un terme définitif au conflit. L’artillerie française, dirigée par les frères Jean et Gaspard Bureau, y joua un rôle important. Le camp français était défendu par un fossé dans lequel se trouvait l’artillerie, cachée à la vue des Anglais. John Talbot, célèbre chef militaire anglais, alors âgé d’une soixantaine d’années, attaque le camp français avec une armée forte de 6 000 hommes.
Ils sont décimés par le feu nourri de l’artillerie française. Talbot lui-même est tué au cours de l’affrontement, l’armée anglaise est anéantie en Guyenne. À la suite de la bataille, les principales places fortes de Guyenne tombent aux mains des Français, Bordeaux ouvre ses portes en octobre 1453. Charles VII devient « le roi très victorieux ».
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Les ordres de chevalerie
Nés au milieu du XIVe siècle, les ordres de chevalerie rassemblent sous l’autorité d’un prince, un nombre limité de nobles de haut rang. Cette nouvelle noblesse est liée par un idéal chevaleresque de vaillance, de courtoisie et de fidélité, cette dernière valeur l’emportant souvent sur les vertus militaires. En 1430, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, fonde l’ordre de la Toison d’or, prestigieuse distinction médiévale, décernée à 31 chevaliers proches du duc, nombre qui sera porté à 51 sous Charles Quint. Le collier symbolise les liens de fraternité entre chevaliers d’égale valeur. Il est fait de pièces séparées en forme de briquets et de pierres à feu accrochées les unes aux autres.
En réponse à son rival, Louis XI crée en 1469 l’ordre de Saint-Michel, placé sous la protection de l’archange, patron du royaume de France. « L’ordre du roi » était limité à trente titulaires portant un collier chargé de coquilles et de « lacs » (noeuds) auquel était appendu un médaillon figurant l’archange terrassant le démon.
L'homme d'armes, nouveau héros de l'armée française
C’est dans la petite armée regroupée autour du futur roi Charles VII, exilé à Bourges, que le terme « homme d’armes », utilisé depuis le milieu du XIVe siècle, remplace celui de « chevalier ». L’aristocratie, décimée à Azincourt, est peu présente auprès du dauphin qui doit faire appel à des étrangers, Écossais, Aragonais, Italiens ou à des roturiers. Ils portent le harnois de fer poli « à blanc » et ces « brigands », comme les appellent leurs adversaires, ont peut-être donné son nom à la brigandine, gilet de cuir doublé de lames de métal. Ces cavaliers lourds soldés, ou « gens d’armes » conduisent chacun une « lance » comprenant deux ou trois cavaliers plus légèrement équipés et quelques piétons en nombre variable.
La lance reste l’unité tactique des armées françaises au moment des Guerres d’Italie : à Marignan, François Ier dispose de 2 500 lances, qui correspondent à 2 500 gendarmes lourdement cuirassés, accompagnés chacun d’entre six et huit hommes, cavaliers légers, serviteurs armés ou fantassins, soit près de 20 000 combattants.