L'affirmation de l'état : entre modernité et tradition
1477-1491 : vers un grand royaume
À la fin de la guerre de Cent Ans, le roi de France étend à nouveau son autorité sur les territoires qui étaient auparavant occupés par les Anglais. Il lui reste à unifier son royaume et maîtriser les grands princes qui rêvent de s’affranchir de l’autorité royale.
En 1477, la mort de Charles le Téméraire débarrasse Louis XI d’un puissant rival. Le roi de France se lance à la conquête du duché de Bourgogne, la guerre et les négociations durent jusqu’en 1482. À leur issue, les comtés d’Artois, de Bourgogne, de Charolais, de Mâcon et d’Auxerre entrent dans le giron du roi de France.
À l’autre bout du territoire, la « Guerre folle », qui se déroule de 1485 à 1488, prépare l’union de la Bretagne à la France. En 1491, le mariage entre Charles VIII et la duchesse Anne met fin aux conflits dans l’Ouest du royaume et réunit la Bretagne à la Couronne de France.
À la fin du XVe siècle, le royaume de France est devenu un pays immense qui s’étend sur 450 000 kilomètres carrés, soit les quatre cinquièmes de la France actuelle.
L'aventure italienne des rois de France
À la fin du Moyen Âge, l’Italie est un territoire très morcelé sur le plan politique mais son foisonnement culturel et scientifique suscite de nombreuses convoitises. Entre 1494 et 1559, les rois de France ont entrepris onze campagnes militaires dans la péninsule. Riche en péripéties, l’aventure italienne se résume à un même scénario répété sous trois rois successifs : une phase initiale de succès rapides, suivie d’une série de revers.
À partir de 1492, Charles VIII fait valoir ses droits sur le royaume de Naples, légué par René d’Anjou à son père en 1480. Il franchit les Alpes au cours de l’été 1494 et rejoint Naples en quelques mois : la furia francese s’abat sur l’Italie. Mais cette conquête est éphémère et à sa mort en 1498, il ne lui reste rien en Italie. Son cousin et héritier, Louis XII, poursuivant la même politique, revendique Naples ainsi que Milan, dont il s’empare en 1499. La victoire est de nouveau très brève : dès 1503, les Français doivent se replier et abandonner leurs conquêtes, le milanais est perdu. Louis XII est contraint à une paix coûteuse.
C’est sa mort, le 1er janvier 1515, qui relance la guerre, François Ier reprenant à son compte les revendications de son prédécesseur.
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Artillerie nouvelle : quand les champs de bataille s'embrasent
À partir des années 1470, l’évolution de l’artillerie connaît une nouvelle phase qui résulte de la combinaison de plusieurs facteurs. Y contribuent notamment l’emploi généralisé du bronze pour la fabrication des bouches à feu et l’utilisation croissante des boulets métalliques en fonte de fer, qui entraînent une relative uniformisation des matériels.
Autre innovation importante sur le plan technique, l’adjonction d’un cul-de-lampe à l’arrière des pièces les rend plus résistantes et permet l’utilisation d’une charge de poudre plus importante.
Cette artillerie nouvelle s’utilise pour le siège ou la campagne. Le calibre des pièces, qui n’était pas discriminant jusqu’alors, devient désormais la variable de différenciation entre elles et la base d’une nouvelle nomenclature. Les bouches à feu sont alors désignées par des noms issus de la famille des reptiles pour les gros calibres - basilic, canon serpentin, couleuvrine - ainsi que par des noms d’oiseaux pour les pièces plus légères - faucon, fauconneau, sacre, émerillon.
Depuis la bataille de Castillon en 1453, l’artillerie à poudre ne cesse d’embraser les champs de bataille comme à Marignan où François Ier aurait, selon les sources anciennes, aligné plus de soixante canons qui ont finalement eu raison des redoutables piquiers suisses.
Artistes et fabricants d'armes
À partir de la seconde moitié du XVe siècle, certains fondeurs particulièrement talentueux entrent au service des armées du roi. Ils fabriquent les pièces d’artillerie royale mais répondent aussi à d’autres demandes et produisent du mobilier et de la statuaire. Quelques rares traces de ces oeuvres d’art subsistent encore aujourd’hui.
Cet ange en bronze réalisé à Lyon en 1475 en est le plus remarquable témoignage. Probablement destiné à décorer la Sainte-Chapelle de Paris, il est signé par Jean Barbet, un canonnier du roi à la tête de la fonderie de Lyon.