La naissance de l'état moderne et la mise au point de l'artillerie
1328-1415 : les origines de la guerre de Cent ans et les débuts de l'artillerie à poudre
En 1328, le roi de France Charles IV meurt sans héritier. Le roi d’Angleterre Édouard III, descendant de Saint Louis par sa mère, pourrait revendiquer la couronne de France. Mais les barons français lui préfèrent Philippe de Valois, cousin de Charles IV, qui devient roi sous le nom de Philippe VI.
En 1337, Philippe VI confisque la Guyenne à Édouard III, ce qui réveille les prétentions du roi d’Angleterre.
La guerre commence, elle durera 116 années entrecoupées de longues trêves. Dans ce contexte troublé, l’artillerie à poudre apparait timidement en Occident. Elle est d’abord utilisée pour la défense des forteresses.
Arme à distance, elle rencontre, comme les arbalètes deux siècles auparavant, une forte réprobation morale, ce qui explique qu’elle soit absente des champs de bataille où les valeurs chevaleresques dominent encore.
Français et anglais à Azincourt
Les deux armées qui s’opposent à Azincourt sont organisées selon des principes différents.
L’ost français, c’est-à-dire l’armée féodale française, est composé en majorité par la noblesse, il rassemble tous les chevaliers vassaux du roi Charles VI. Il s’agit de cavaliers qui se battent à la lance et à l’épée.
À ce groupe s’ajoutent quelques contingents d’infanterie constitués de gens de traits, archers ou arbalétriers.
En l’absence du roi, atteint de folie, c’est le connétable Charles d’Albret, son conseiller militaire, qui en assure le commandement.
L’armée anglaise se compose principalement de fantassins, de rudes soldats issus du peuple. Engagés pour une campagne militaire, ils sont placés sous le commandement d’un noble, le capitaine de compagnie.
À Azincourt, le jeune roi d’Angleterre Henry V dirige la bataille et le duc d’Erpyngham commande les archers.
Ces derniers, entrainés au tir à l’arc depuis leur plus jeune âge, sont capables de décocher jusqu’à une dizaine de flèches à la minute. Les archers disposent également d’épées courtes et de maillets en plomb qui leur permettent de se défendre en combat rapproché.
1415-1429 : de la défaite d'Azincourt à la double monarchie
Les conséquences de la bataille d’Azincourt sont catastrophiques pour la France. Sur le plan militaire l’ost féodal a montré ses limites.
Il apparaît donc nécessaire de réformer l’armée en profondeur.
Sur le plan politique, le conseil royal et les principales administrations sont décimés : les princes qui siégeaient à leur tête ont été tués ou faits prisonniers.
Profitant de cet affaiblissement, Henry V débarque en Normandie en 1418.
Les places fortes tombent les unes après les autres, seule Rouen résiste jusqu’en janvier 1419 mais finit par se rendre après un siège éprouvant : la Normandie est aux mains des Anglais. Commencent alors des négociations, censées mettre fin à la guerre. Elles aboutissent à la signature du traité de Troyes, le 21 mai 1420, qui déshérite le dauphin Charles au profit d’Henry V. Ce dernier meurt avant Charles VI, c’est donc le jeune Henry VI qui hérite du titre de roi de France et d’Angleterre, alors que le futur Charles VII n’a pas renoncé à ses prétentions au trône. Deux monarques règnent en France, c’est la double monarchie.