L'artillerie de siège : géants de fer, monstres de feu
Pour s’emparer d’une ville ou d’une forteresse, les combattants utilisent une tactique militaire appelée siège.
Au début du XVe siècle, deux types d’artillerie sont mis en oeuvre pour ces opérations :
- L’artillerie névrobalistique qui regroupe les ouvrages de charpenterie utilisant la force mécanique pour jeter des boulets en pierre. Ces « engiens » à ressort, à torsion ou à contrepoids comme le trébuchet, sont actionnés par des « engineurs » très spécialisés, ancêtres de nos ingénieurs.
- L’artillerie à poudre qui est constituée de bouches à feu utilisant l’énergie fournie par la combustion de la poudre noire pour tirer de gros boulets en pierre. Souvent réalisées en fer forgé et constituées d’éléments assemblés selon le procédé de la « tonoille » (à la manière des tonneaux), ces pièces peuvent atteindre des dimensions considérables. Entre 1409 et 1411, le duc de Brabant Antoine de Bourgogne a fait fabriquer une bombarde qui pesait plus de 35 tonnes.
Progressivement, l’artillerie à poudre gagne en puissance et supplante l’artillerie névrobalistique dont les derniers engins disparaissent dans la première moitié du XVIe siècle.
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Artillerie : le temps des expériences
Au milieu du XVe siècle, les expériences visant à développer une artillerie de campagne se multiplient. En Bourgogne, vers 1445, une série d’essais, dont témoignent le Livre d’artillerie et la volée de veuglaire de Neuchâtel vise à améliorer la puissance et la portée du boulet en modifiant les proportions des pièces.
Peu après, l’attention se porte sur la nature des projectiles. De nouvelles bouches à feu voient le jour, les serpentines, pièces de petit calibre qui peuvent tirer des boulets en plomb et en fer, comme ceux décrits dans les archives bourguignonnes et retrouvés sur le champ de bataille de Bosworth (1485) en Angleterre. Plus légère, cette artillerie peut être facilement utilisée sur le champ de bataille. Les rares traités techniques comme le Livre du secret de l’art de l’artillerie et de la cannonerie, conservent les traces de ce savoir acquis par la pratique. Ils renseignent aussi sur la manière de charger, pointer et faire tirer les pièces.