De précieux témoins les drapeaux de la Grande Guerre
Depuis le début des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, la collection des emblèmes du musée de l’Armée fait l’objet d’un intérêt croissant de la part des musées du monde entier. Des prêts sont accordés dans des conditions bien spécifiques, vu la fragilité de ces objets.
En 2014, le département contemporain a répondu à une cinquantaine de demandes de prêts et a organisé le départ de dix emblèmes vers des musées et institutions militaires et civiles de divers départements. Des opérations menées à chaque fois avec l’atelier textile et grâce au travail des équipes de la régie. Ainsi, des emblèmes de volontaires étrangers sont actuellement présentés au musée d’histoire de la ville de Marseille ainsi qu’au Mémorial de la Shoah, et des drapeaux régimentaires du modèle 1880 sont et ont été exposés dans des musées militaires et lors de cérémonies commémoratives nationales.
Drapeau du 415e régiment d’infanterie, modèle 1880.
Les stigmates de la guerre
Des centaines de drapeaux des régiments de l’armée française de la Première Guerre mondiale sont, en effet, conservés dans les collections du musée de l’Armée. Ils lui ont été légués dans un état souvent dégradé. Ces stigmates sont autant de traces historiques du conflit, telles les déchirures du drapeau du 81e régiment d’infanterie, causées par les balles et les éclats d’obus qui l’ont transpercé en août 1914. L’utilisation de différentes techniques de restauration au fil des ans a permis de stabiliser ces dégradations sans toutefois dissimuler ces traces de l’histoire. La plupart des emblèmes de la Grande Guerre sont entrés dans les collections du musée dans les années 1920 à la suite de la dissolution des unités d’infanterie territoriale et de réserve ou encore après le remplacement des soies dégradées des régiments d’active, dont certaines dataient de l’année 1880. La collection des drapeaux régimentaires du musée est l’une des plus riches du pays. Ces objets patrimoniaux sont une source précieuse pour l’histoire militaire contemporaine.
Solène Granier, assistante de conservation au département contemporain.
Le drapeau du 262e régiment d’infanterie pendant la Grande Guerre, photographie de Henri Terrier (1887-1918).