De Gaulle décore Churchill de la croix de Lorraine
De retour au pouvoir en mai 1958, Charles de Gaulle décide à titre exceptionnel, et en témoignage de l’estime qu’il lui porte, de rouvrir l’Ordre de Libération pour Winston Churchill.
Le décret, signé le 18 juin 1958, est un hommage éloquent au style Ô combien gaullien : « Comme Premier Ministre de Grande-Bretagne, au moment du pire danger couru par l’Europe, a inspiré et dirigé la résistance de son pays et contribué, par-là, d’une manière décisive à sauver la liberté du monde. […] » C’est quelques mois plus tard, le 6 novembre, après avoir prononcé les paroles rituelles : « Nous vous reconnaissons comme notre compagnon pour la libération de la France, dans l’honneur et par la victoire », que de Gaulle épingla la croix sur la poitrine de Churchill.
Croix de la Libération en cristal offerte par les Compagnons à Winston Churchill (1958) Chartwell, Kent, Chartwell National Trust.
Une distinction de poids.
À l’issue de la cérémonie, le général Ingold, chancelier de l’ordre de la Libération, remit à ce dernier une croix de Lorraine en cristal. Un cadeau né de la volonté de quelques Compagnons d’offrir à Churchill une « très lourde croix (de Lorraine) » portée « sur un brancard par quatre Compagnons »… Il s’agissait de répondre par un trait d’humour à la célèbre phrase prêtée à Winston Churchill : « De toutes les croix que j’ai portées, la plus lourde a été la Croix de Lorraine ». Finalement, le bon goût l’emportapuisque la croix, pesant à peine plus d’un kilo ne nécessita pas de brancard pour être transportée. Conservée dans la maison de Churchill à Chartwell, elle est présentée à titre exceptionnel dans l’exposition.
«Je tiens à ce que Sir Winston Churchill sache ceci : la cérémonie d’aujourd’hui signifie que la France sait ce qu’elle lui doit. »
Charles de Gaulle, Discours et messages, tome 3, « Le Renouveau », Paris, Plon, 1970.
«Je regretterais de vivre dans un pays gouverné par de Gaulle, mais regretterais aussi de vivre dans un monde, ou avec une France qui n'aurait pas un De Gaulle. »
Winston Churchill, 1949, Brouillon inédit de ses mémoires, Cambridge, Chrurchill College, Churchill Archives centre, folio 532.