L'ÉCHO DU DÔME
FÉVRIER/MAI 2015 #32

Musée de l'Armée Invalides

Les nouveaux aménagements du parcours Grande Guerre

Après leur inauguration par le secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire le 6 novembre 2014, les nouveaux aménagements des salles consacrées à la Grande Guerre ont été présentés le 25 novembre au Président de la République qui avait demandé, le 7 novembre 2013, lors du lancement des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale « qu’une place soit accordée aux fusillés au musée de l’Armée aux Invalides, dans ce lieu qui porte le récit de la Guerre ».

photo de la salle consacrée à la première guerre mondiale

Les nouveaux dispositifs de visite des salles Première Guerre mondiale, au sein du parcours permanent du Département contemporain.

Les réflexions conduitespar les équipes du musée, accompagnées par le comité scientifique que présidait le professeur Antoine Prost, ont confirmé l’intuition initiale. Pour que la question des fusillés soit bien comprise avec tous ses enjeux, il fallait éviter de l’isoler en un point du parcours de visite et veiller à l’insérer dans la présentation chronologique du conflit, afin de la replacer dans son contexte aux différentes étapes du récit, depuis les premiers combats jusqu’au bilan final.

Ce parti a nécessité d’infléchir et d’enrichir l’approche de la Grande Guerre proposée dans les salles inaugurées en 2006, afin d’y faire la place au regard porté par les combattants eux-mêmes sur les affrontements auxquels ils ont participé ; aux relations entre le front et l’arrière ; aux enjeux économiques et industriels du conflit ; au cadre juridique dans lequel les troupes sont engagées ; aux rôles et responsabilités respectives du commandement  militaire et des pouvoirs politiques, exécutif et législatif…

L’intervention, conçue et réalisée en liaison étroite avec le cabinet Frénak et Jullien, maître d’oeuvre, ainsi que les sociétés Incandescence et Vox Historiae, s’est donc articulée autour de cinq moments distribués au fil du parcours, où sont associés éléments scénographiques classiques – photographies, panneaux didactiques, cartels, graphiques – et dispositifs multimédias interactifs. Est ainsi proposée aux visiteurs une sélection commentée de documents conservés au Service historique de la Défense, notamment des dossiers de soldats fusillés depuis le début du conflit et de procès de réhabilitation de l’entre-deux-guerres.

Le premier de ces moments porte sur les effets des premières semaines de combats, marquées par des manifestations de désarroi ou de découragement des troupes, et sur les réactions du commandement ; il est aussi l’occasion de présenter la justice militaire, les textes sur lesquels elle repose, ses modalités d’exercice et l’application qui en est faite. Par la suite, les années 1916 et 1917 sont jalonnées par trois cartes animées des batailles de Verdun, de la Somme et du Chemin des Dames ; accompagnées d’albums thématiques d’images fixes et animées des fonds de l’ECPAD, elles offrent une vision très large des opérations militaires et de leur contexte. C’est dans cet environnement que sont évoquées la loi du 27 avril 1916 relative au fonctionnement et à la compétence des tribunaux militaires en temps de guerre, puis les mutineries.

À la fin du parcours, la séquence consacrée au bilan est dominée par un monumental mur animé où se lisent,côte à côte, le nombre des Morts pour la France et celui des fusillés pour désobéissance militaire. Cet ouvrage est accompagné d’un poste de consultation des bases Mémoire des hommes du ministère de la Défense, désormais accessibles en ligne et d’entretiens filmés avec des historiens de la Grande Guerre. Autant d’éléments qui permettent d’assurer à toutes les victimes du conflit la place qui leur revient, avec le souci de donner au phénomène des fusillés sa juste mesure et son sens : celui d’une expression extrême et révélatrice de la dureté sans précédent des combats, comme des épreuves et bouleversements auxquels elle a soumis l’institution militaire et le pouvoir politique.

Lieutenant-colonel Christophe Bertrand,conservateur responsable dudépartement contemporain.

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Interview d’Aurélien Bambagioni, directeur de production du studiode création Incandescence sur musee-armee.fr.