Vallotton imagine Verdun
Vous avez peut-être croisé l’affiche de l’exposition Vu du Front. Représenter la Grande Guerre au détour d’une gare, d’une station de métro ou d’une page de journal.
En Europe et au Proche-Orient, la Grande Guerre oppose les puissances centrales aux forcesalliées. Des millions d'hommes s'affrontent des plaines françaises au désert d'Irak, du front de Palestine aux steppes russes, au cours de sanglantes batailles longtemps indécises. Ce n'est qu'en 1918, après cinq ans de combats, que les alliés parviennent à prendre le dessus sur leurs adversaires.
Cette oeuvre de Félix Vallotton est un détail de son tableau intitulé Verdun, tableau de guerre interprété, projections colorées noires bleues et rouges terrains dévastés, nuées de gaz, peint en 1917. Sylvie Leray-Burimi, conservateur en chef en charge du département des peintures, dessins, estampes et photographies nous livre son analyse : « L e 29 février 1916, Vallotton imagine Verdun : Ce lieu de mort doit avoir quelque chose d’effroyable et en même temps de brillant. Après une mission sur le front en juin 1917, il constate l’incapacité de ses prises de note hâtives à rendre compte de la guerre : D’ores et déjà je ne crois plus aux croquis saignants, à la peinture véridique, aux choses vues ni même vécues, écrit-il tout en peignant, en décembre, son oeuvre de guerre la plus composée. Paysage mental, vue de l’esprit, Verdun tente de s’abstraire de toute expérience et de toute anecdote : Je termine mon Verdun, essaid’expression par des droites, ce qui ne veut pas dire cubisme, mais représenter des forces n’est pas commode et la droite s’indique elle-même pour ces tentatives, note l’artiste avant de réaffirmer : Dessiner ou peindre des “forces” serait bien plus profondément vrai qu’en reproduire les effets matériels mais ces “forces” n’ont pas de forme et de couleur encoremoins. »
Félix Valloton (1865-1925), Verdun, tableau de guerre interprété, projections colorées noires, bleues et rouges terrains dévastés, nuées de gaz, 1917. Huile sur toile.