Exposition « Vu du front, représenter la grande guerre »
Comment les combattants de la première guerre mondiale ont-ils perçu le front ? À la guerre imaginée se substitue progressivement le conflit réel. Violence du champ de bataille, modernité de la guerre, transformation de la ligne de front en zone… l’exposition s’intéresse à la manière dont les contemporains du conflit ont témoigné de l’expérience vécue.
Dans les années 1900, la guerre est, dans les sociétés européennes, omniprésente à travers l’art et la presse. À partir d’août 1914, l’implication de millions d’hommes et la mobilisation des États donnent une dimension inédite aux événements. Une nouvelle réalité incarne le conflit : le front. Comment les contemporains l’ont-ils vu, perçu et représenté ? À côté des combattants mobilisés, dessinateurs, peintres ou photographes, oeuvrent des services officiels et des artistes missionnés chargés de documenter et de façonner une vision de la guerre. Des milliers de représentations circulent. Abondamment montrés et exposés, le combat, la modernité de la guerre, la transformation du front d’une ligne en zone, témoignent de l’expérience vécue dont la mémoire s’étend jusqu’à nous. À travers près de 500 oeuvres, en majorité dessins et photographies produites dans les tranchées, mais également peintures, objets, estampes, sculptures, archives, films et documents sonores, l’exposition met en exergue non pas une vision unifiée mais la multiplicité des points de vue.
André Mare (1885-1932) Le 280 : canon camouflé, [1914-1918] Encre de Chine et aquarelle.
Des représentations aussi diverses que les expériences
Les différents fronts se déploient dans des paysages très divers dont lescaractéristiques déterminent les formes du combat mais aussi les modalités de représentation du conflit. Le front occidental se caractérise par l’univers visuel rétréci de la tranchée. Simultanément, l’observation et laphotographie aériennes se développent. Montagneux, les fronts austro-italien et d’Orient offrent des vues plongeantes et des panoramas. Les fronts germano-russes et du Moyen-Orient sont le théâtre d’une guerre de mouvement. Les collections des deux partenaires - musée de l’Armée et Bibliothèque de documentation internationale et contemporaine - mais aussi les oeuvres prêtées par des musées autrichiens, allemands, italiens, britanniques, français ainsi que par des collectionneurs privés, permettent de confronter les représentations issues des cinq principaux fronts. Le rapprochement entre les représentations et les objets met en évidence le travail de transformation de la réalité et de sa perception opéré par les observateurs et acteurs du conflit. Au côté des écrits, les images comme les objets sont au fondement de la mémoire comme de l’histoire du premier conflit mondial.
Sylvie Le Ray-Burimi, conservateur responsable du département des peintures, dessins, estampes et photographies, commissaire de l'exposition.