La guerre de 1870-1871
Vue de la nacelle de Gambetta, dans l’exposition France - Allemagne(s) 1870-1871. La guerre, la Commune, les mémoires
© Paris - Musée de l’Armée
L’exposition France-Allemagne(s) 1870-1871. La guerre, la Commune, les mémoires est présentée au musée jusqu’au 30 juillet prochain. Jean-Claude Yon, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et directeur d’études cumulant à l’École Pratique des Hautes Études, nous livre sa vision de ce conflit méconnu.
Pourquoi proposer au public une exposition sur la guerre de 1870-1871 ?
La guerre de 1870-1871 a été occultée par les deux guerres mondiales survenues au XXe siècle mais ce relatif oubli ne doit pas masquer son importance. Une partie de l’histoire européenne du XXe siècle est bel et bien en germe dans ce conflit, comme l’illustre le fait qu’elle s’est accompagnée de phénomènes associés dans l’inconscient collectif à ces deux guerres (bombardements, souffrances des civils, camps de prisonniers…).
Dans quelle mesure la guerre de 1870-1871 est-elle, aussi, liée à des questions et enjeux autres que ceux de la seule histoire militaire ?
Les conséquences politiques sont immenses : remplacement du Second Empire par la Troisième République, création de l’Empire allemand et bien sûr impossibilité d’une réconciliation du fait de la question de l’Alsace Lorraine. Au-delà, la rapidité et l’ampleur de la défaite ont provoqué en France un vaste mouvement d’interrogation sur les causes du désastre, tandis que l’Empire allemand s’affirmait comme la première puissance européenne, l’économie ne tardant pas à confirmer la suprématie acquise par les armes.
Comment situer la guerre de 1870-1871 aujourd’hui, à l’heure du « couple franco-allemand » ?
Avec la guerre de 1870-1871 s’ouvre une séquence de trois quarts de siècle durant laquelle la rivalité franco-allemande est au coeur de l’histoire européenne. La réconciliation qui a suivi a permis, à côté d’autres facteurs bien sûr, la construction européenne et tous ses bénéfices, au premier rang desquels la paix. À l’heure où les incertitudes politiques semblent remettre en cause le projet européen, cette exposition – qui associe les mémoires françaises et allemandes de l’événement – est une excellente occasion de revenir aux origines de l’antagonisme franco-allemand et de comprendre, a contrario, tout ce que l’alliance de ces deux grands pays peut apporter à l’Europe et au monde.