Dans l'exposition : l'analyse des historiens |
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Le royaume arabe de Napoléon III
par M. Levallois
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Aux lendemains de la soumission d'Abd el-Kader, l'éphémère deuxième République esquisse une politique d'assimilation et de colonisation.
La constitution de 1848 déclare ainsi l'Algérie « territoire français » et l'organise en trois départements. La conquête n'est cependant pas terminée et les insurrections sont durement réprimées. A partir de 1852, le Second Empire conforte le rôle des militaires dans l'administration et relance la conquête. Le général Randon, nommé gouverneur de l'Algérie, soumet ainsi les oasis du nord du Sahara algérien et surtout, en 1857, la Kabylie, dernier bastion indépendant au cœur de l'Algérie.
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Poignard kabyle (flissah)© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-GP/Emilie Cambier
La conquête est alors considérée comme achevée même si plusieurs révoltes dans les territoires nouvellement conquis devront être matées. Si Napoléon III a fait libérer en 1852 l'émir Abd el-Kader, retenu captif au mépris des promesses du duc d'Aumale, il ne porte toutefois, avant 1860, que peu d'intérêt à l'Algérie qu'il considère comme « un boulet attaché aux pieds de la France ». Cependant, sous l'influence d'Ismaël Urbain et de conseillers saint-simoniens, l'empereur mûrit, au cours de ses deux voyages en Algérie (en 1860 et 1865), un projet audacieux visant à mettre sur pied l'égalité politique et économique entre la métropole et l'Algérie qui, à ses yeux, n'est pas une colonie, mais un « Royaume arabe ». Refusant d'infliger à la population arabo-berbère le sort des Indiens d'Amérique du Nord, il se dit « aussi bien l'empereur des Arabes que celui des Français ». Mais l'hostilité des « colonistes » et la chute du Second Empire auront raison de ce fugace « rêve arabe ».
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