Félix-Jacques Moulin, Si Mustapha, kaôd de l'Oued Sothan et Boudiaf, kaôd du Medjana, 1856 © Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-GP/Emilie Cambier Conquérir l'Algérie et plus encore s'y installer durablement, implique d'en maîtriser le territoire. Chaque campagne militaire est ainsi l'occasion de reconnaître de nouveaux itinéraires et d'explorer des contrées inconnues. La carte de l'Algérie, toujours plus précise, se dessine au gré des expéditions, tandis que l'espace est remodelé par la construction de routes et de ponts, ou le développement des aires dévolues à la colonisation. Mais beaucoup d'officiers apprennent aussi à aimer l'Algérie qui devient vite un vaste champ d'observation dans des domaines aussi variés que la botanique, la géologie, la cynégétique ou l'hippologie. La population locale, cet « autre » qui fascine, intrigue et surtout résiste, devient également, pour ces officiers, un objet de curiosité et d'étude artistiques ou scientifiques (linguistiques, ethnologiques, archéologiques...). Les bureaux arabes deviennent à ce titre le lieu privilégié de la rencontre entre militaires et « indigènes ».
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Un bureau arabe, XIX e siècle, Félix-Jacques Moulin© Paris, Musée de l’Armée, Distr.RMN-GP/Emilie Cambier
Cette institution vise à administrer la population des territoires conquis en s'appuyant sur des cadres militaires maîtrisant le droit musulman, les langues et les coutumes locales. Acquis aux idées saint-simoniennes, nombre d'officiers servant dans les bureaux arabes sont soucieux d'être des passerelles entre deux mondes. Cette histoire militaire de l’Algérie contribue ainsi à façonner et enrichir le mouvement « orientaliste » qui s'élabore tout au long du siècle en Europe, apportant souvent toutefois d'importantes nuances à certains fantasmes de l'époque, par le biais des militaires sur le terrain.
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