Dans l'exposition : l'analyse des historiens |
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Une conquête violente
par D. Guignard et JC. Jauffret
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Sans véritable projet de conquête jusque-là, la France opère à la fin des années 1830 un tournant décisif quant à la politique à mener sur cette terre d'Afrique devenue « Algérie » par décret en 1839.
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Abd el-Kader (1807-1883) par Godefroid Marie Eleonore (1778-1849), peint vers 1830-1844 à Paris© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-GP / image musée de l'Armée
En franchissant les Portes de Fer, la France rompt le traité de la Tafna, jugé trop défavorable, qu'elle a contracté avec Abd el-Kader en 1837. C'en est fini de l'occupation restreinte, s'engage alors « la conquête absolue » du territoire dont le général Bugeaud se fait le chantre. Nommé gouverneur de l'Algérie en décembre 1840, il s'emploie à mettre en place une guerre nouvelle, mieux adaptée au terrain et à l'adversaire : campagnes incessantes, marches forcées, colonnes mobiles rayonnant depuis des postes fortifiés, doivent mener à la soumission des tribus. Il faut chasser, traquer, détruire l'adversaire. Soutenu par les tribus hostiles à l’émir, Bugeaud s'appuie sur une Armée d'Afrique réorganisée, dans laquelle nombre d'officiers amenés à jouer un rôle majeur sous le Second Empire font leurs premières armes. Dès 1841, les principaux centres de l'émir sont enlevés par les colonnes françaises.
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Fusil à silex ayant appartenu à Abd el-Kader, fabriqué avant 1883 ; calibre 18 mm ; poids 3,8 kg© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-GP / Pascal Segrette
En mai 1843, le duc d'Aumale s'empare de la Smala d'Abd el-Kader, avant qu'en août 1844, l'armée du Sultan du Maroc, principal soutien de l'émir, ne soit défaite par les troupes de Bugeaud à la bataille d'Isly. Les belligérants font preuve d'une rare violence pendant la conquête et les nombreux exemples d'exactions, razzia ou « enfumades » de tribus entières, frappent l'opinion. Mais après quinze ans d'une lutte acharnée, refoulé par ses anciens alliés marocains, Abd el-Kader doit remettre sa reddition au général Lamoricière le 23 décembre 1847.
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