Les résistances à l’Empire
La France s’était aliéné les peuples par ses conquêtes, et les rois par sa révolution et sa dynastie nouvelle. Elle ne pouvait plus avoir ni d’amis, ni de rivaux, mais seulement des sujets ; car les uns eussent été faux, et les autres implacables : il fallait donc que tous lui fussent soumis, ou elle à tous !
Philippe-Paul de Ségur (1780-1873), général et aide de camp de Napoléon, Mémoires.
En 1812, la plus grande partie du continent européen est soumise à l’influence française. L’empire de Napoléon s’étend de Perpignan à Amsterdam, de Hambourg à Rome. Joseph Bonaparte est roi d’Espagne et Murat roi de Naples. La Russie, l’Autriche, les États allemands, le Danemark et la Suède sont alliés de la France napoléonienne. Seul le Royaume-Uni s’oppose à sa prépondérance.
Ces alliances, obtenues au fil des guerres et des traités, cachent mal les tensions géopolitiques qui subsistent en Europe..
Né de la guerre, le pouvoir napoléonien a besoin de ce mouvement permanent et des réorganisations incessantes de la carte pour se maintenir, comme Napoléon l’exprime en 1813 : « Vos rois, nés sur le trône, peuvent y retourner vaincus ; moi, pour me maintenir, il me faut des victoires. » Cette logique l’entraîne dans une spirale guerrière qui ne peut prendre fin sans la soumission du Royaume-Uni, or celui-ci résiste malgré le blocus continental.
Pour atteindre ce but, Napoléon décrète l’embargo général sur le commerce britannique : le Blocus continental. Loin de créer un « marché commun » sur le continent, celui-ci perturbe l’activité économique et bancaire. De plus, le sentiment national s’éveille dans certains pays et se traduit par des révoltes contre la domination française, en Italie, au Tyrol, en Hollande et, surtout, en Espagne où l’insurrection est générale contre l’occupation française.
De leur côté, la Prusse et la Russie attendent l’heure de prendre leur revanche.
Regarder Reconstitution armée napoléonienne : le tir au canon (Système Gribeauval) (durée 3 minutes 1 seconde) |
Ecouter Souvenirs d’un officier de l’Empire, par le baron Lejeune sur le Tyrol (durée 4 minutes 11 secondes) |
Des puissances européennes hostiles
Emporté par le désir de s’assurer la domination définitive du continent européen, Napoléon avait dépassé les limites du possible ; cela ne faisait aucun doute … que lui et ses entreprises n’échapperaient pas à une ruine soudaine.
Klemens Wenzel von Metternich (1773-1859) chancelier autrichien,Mémoires
Vaincues, amputées d’une partie de leurs territoires, certaines puissances européennes (Russie, Prusse, Autriche) acceptent mal la prépondérance française sur l’Europe occidentale.
Des soulèvements populaires
Animés d’un zèle fanatique et patriotique allumé dans leurs cœurs par les discours des moines, ils marchaient contre les Français, le crucifix d’une main et le poignard de l’autre, portant le scapulaire sur la poitrine et l’enfer dans le cœur.
Sébastien Blaze (1785- ?), aide-major dans le service de santé de l’armée française en Espagne, Mémoires.
Dans certaines régions de l’Europe (Calabre, Espagne, Tyrol), les populations refusent les bouleversements imposés par Napoléon et prennent les armes contre les Français.