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parcours
Louis XIII et Richelieu
Alexandre Dumas a été cruel avec Louis XIII, représenté comme une marionnette un peu ridicule entre les mains du cardinal de Richelieu. Le romancier occulte les difficultés que le jeune souverain, âgé de 23 ans en 1625 au moment où débutent Les Trois mousquetaires, a dû surmonter pour imposer son autorité à une haute aristocratie rétive et à sa propre mère, Marie de Médicis. La passion de Louis XIII, dès son enfance, pour la chose militaire, l’extraordinaire collection d’armes à feu et de chefs-d’œuvre d’arquebuserie réunis dans son cabinet d’Armes, dont le musée de l’Armée est l’héritier, illustrent son caractère de véritable « roi de guerre », ayant passé plus de temps sur les bivouacs et les camps que dans ses palais.
Le romancier a sans doute été plus juste avec le personnage de Richelieu, à qui il a assuré une renommée mondiale : Dumas se fait certes souvent l’écho d’une légende noire élaborée dès le XVIIe siècle, qui fait de lui un ministre-prélat « diabolique » et « implacable », ne reculant devant aucun procédé pour accomplir ses desseins. Pourtant, dans le Vicomte de Bragelonne, il met dans la bouche d'Anne d’Autriche le plus bel hommage qu’un de ses ennemis lui pouvait rendre, quand elle évoque le cardinal qui ne disait jamais « je ferai » mais « j’ai fait ».
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Armure de Louis XIII
1/7 Les portraits de Simon Vouet et de Philippe de Champaigne conservés au Musée du Louvre, tous deux postérieurs, montrent le souverain portant cette armure, ou un harnois très semblable. D’un poids notable (26 kg 780), cette protection est à l’épreuve des balles de mousquet, comme l’atteste l’impact visible sur le plastron, vers l’épaulière gauche.
France, vers 1625-1630
Paris, musée de l’Armée
1014 I / G 123 -
Armure du cardinal de Richelieu
2/7 Le poids démesuré de cette armure (47,7 kg) garantit une protection maximale à son porteur. Le monogramme associant des P, des A et des R, gravé en plusieurs endroits, permet de l’attribuer à Armand du Plessis, cardinal de Richelieu, tandis que le trident de Neptune, rappelle sa charge de surintendant à la navigation. C’est vraisemblablement avec cette armure ou un équipement de ce type que le cardinal–ministre inspectait les installations de l’armée royale pendant le grand siège de La Rochelle.
France, vers 1625-1630
Paris, musée de l’Armée
G 105 -
Fusil à double platine à mèche et à silex
3/7 François Duclos (dates inconnues)
Paris, 1636
Paris, musée de l’Armée
998 I / M 410Héritier du style de Marin Le Bourgeois, François Duclos faisait partie des artistes protégés par la Couronne, bénéficiant d’un logement aux Galeries du Louvre. La crosse « en console », particulièrement ouvragée, de ce fusil est ornée d’une figure de Minerve en bronze doré. Le double système de mise à feu permettait de tirer successivement deux coups dans le canon. -
Mousquet à mèche à l’emblématique de Richelieu
4/7 Pays-Bas, vers 1630
Paris, musée de l’Armée
M 37Le dauphin et le masque de Neptune qui ornent ce mousquet – portant à la plaque de couche les armes du Cardinal - rappellent la charge de Surintendant à la navigation et au commerce que Richelieu exerce depuis 1627. -
Louis XIII en armes couronné par la Victoire
5/7 Le 7 août 1620, par la victoire des Ponts-de-Cé, non loin d’Angers, Louis XIII, alors âgé de 18 ans, est personnellement vainqueur des troupes de sa mère Marie de Médicis, qui tente de revenir au pouvoir après avoir été écartée de la régence. Il est possible que ce portrait célèbre ce fait d’armes. L’influence de Rubens, qui séjourne à Paris notamment en 1622, est manifeste dans la composition, le style et la facture de ce tableau, sans doute réalisé par un artiste de son entourage. Reflet de la majesté royale, que renforcent des éléments guerriers symboliques, tels la Victoire et le trophée d’armes aux pieds du jeune souverain, cette effigie associe à la puissance du roi l’éclat d’un chef de guerre vainqueur.
Atelier de Pierre-Paul Rubens
Huile sur toile, vers 1620
Leeds, the Board of Trustees of the Royal Armouries
I. 41 -
Triple portrait du cardinal de Richelieu
6/7 Philippe de Champaigne (1602-1674)
Huile sur toile, 1642, Londres, National Gallery (NG 798)Ce triple portrait a été exécuté à Paris et envoyé à Rome pour permettre au sculpteur Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, de réaliser le buste de Richelieu, aujourd’hui conservé au Musée du Louvre. Sur le tableau de Philippe de Champaigne, l’étrange juxtaposition du visage de face et des deux profils du Cardinal suggère la psychologie complexe du ministre, représenté avant son décès.
Cette œuvre, comme le célèbre grand portrait d’apparat dû aussi à Philippe de Champaigne, a influencé toutes les représentations ultérieures de Richelieu, y compris cinématographiques et même, paradoxalement, celles qui se rapportent au début de sa carrière politique, qu’évoquent les premières pages des Trois Mousquetaires. -
Richelieu sur la digue de La Rochelle
7/7 Henri-Paul Motte (1846 – 1922)
Huile sur toile, 1881
La Rochelle, musées d’Art et d’Histoire (MAH.1886.1.3)Peintre d’histoire, élève de Jean-Léon Gérôme, Henri-Paul Motte doit avant tout sa célébrité à ce tableau campant un Richelieu observant la flotte anglaise depuis la grande digue de La Rochelle. Cette œuvre à l’efficacité déjà cinématographique est devenue l’image la plus emblématique du grand siège et sans doute du Cardinal lui-même. Elle est pourtant entachée de menues erreurs : Richelieu et l’officier qui commente les opérations sont protégés d’armures germaniques du milieu du XVIe siècle, les structures de bois tenant à distance la flotte anglaise ne correspondent pas vraiment aux « chandeliers » complexes élevés dans la mer… ce qui n’enlève pas à cette œuvre son statut d’icône à l’étonnante force d’évocation.